Débat – Pratique d’activités sportives dans un environnement sain : Les athlètes courent vers un nouvel objectif

Le débat sur les changements climatiques est souvent orienté vers certains effets comme les inondations, les pluies diluviennes, la hausse de la température. Mais, la pratique du sport est aussi menacée si elle devrait continuer à se faire dans un environnement pollué. En marge de la 18e session de la Conférence africaine sur l’environnement, les acteurs ont préconisé la prise de mesures draconiennes pour protéger les athlètes, en installant par exemple des capteurs de particules au niveau de toutes les infrastructures sportives.
Par Justin GOMIS – La pratique du sport se fait dans un environnement sain. Mais, ce principe n’est plus valable. Avec la pollution, c’est une préoccupation majeure et une menace pèse même sur sa survie à l’image de tous les secteurs touchés par les effets liés au réchauffement climatique. Cheikh Fofana, directeur adjoint de l’Environnement, campe les enjeux : «La pratique du sport ne peut se faire que dans un environnement sain.» Lors de la première journée de la 2e phase de la 18e session de la Conférence africaine sur l’environnement, qui a pris fin hier à Dakar, le ministère de l’Environnement et du développement durable, le Centre de carbone et de la qualité de l’air de la Direction de l’environnement, le gouvernement et la Fédération d’athlétisme du Kenya ont insisté sur le lien qui existe entre les deux secteurs. Surtout dans un contexte de changements climatiques dont les effets sont dévastateurs dans plusieurs activités.
Au Sénégal, le gouvernement tente de se mettre aux normes avec l’installation de capteurs de particules au Stade Me Abdoulaye Wade, afin d’offrir un environnement de qualité aux sportifs. «Un projet similaire est aussi mis en place à Nairobi», enchaîne Général Jackson, directeur de l’Athlétisme au Kenya. «Si la qualité de l’air n’est pas bonne, elle affecte la pratique du sport. Et nos pays ont besoin des données sur la qualité de l’air pour nous donner l’opportunité de pouvoir organiser des activités sportives au niveau mondial», poursuit-il. Au Kenya, fabrique de médaillés d’or aux Championnats du monde et Jeux olympiques, les responsables sportifs sont conscients que la pollution, qui entraîne la détérioration de la qualité de l’air, a un impact sur les activités sportives. «La pollution constitue un frein pour la pratique du sport, précise Cheikh Fofana. Un athlète a besoin de beaucoup d’air en pratiquant du sport.» Pour Lamine Faty, Secrétaire général de la Confédération africaine d’athlétisme, «la qualité de l’environnement est très importante pour la pratique du sport in door tout comme out door. C’est-à-dire qu’il se fasse dans un lieu ouvert ou fermé. Car pendant leurs activités sportives, les athlètes ont besoin d’une qualité de l’air et d’une bonne hygiène».
Installation de capteurs de particules
William Taniu, athlète kenyan, médaillé d’or 800 m aux Jo de 1992 à Barcelone, ambassadeur de la qualité de l’air et du changement climatique, lie les performances sportives à l’environnement. Il dit : «Un athlète a besoin de s’entraîner dans un environnement sain. Sinon il ne pourra pas faire des performances. Alors, il est important de s’entraîner dans un environnement sain pour avoir de la vitesse. J’appelle les gouvernements africains et les fédérations à installer des infrastructures sportives dans des zones non polluées afin que les athlètes puissent faire des performances.» Il poursuit : «Les changements climatiques sont une réalité et si rien n’est fait, l’athlétisme et le sport pourront disparaître.» Choisi avec Amadou Dia Ba, comme ambassadeurs en vue d’apporter leur contribution dans cette lutte pour la qualité de l’air, William Taniu appelle les jeunes à faire du sport afin de pérenniser l’activité en Afrique. «D’ailleurs, la Fédération kényane d’athlétisme travaille dans ce sens avec Stockholm, pour former des personnes à fabriquer des capteurs de particules en vue d’améliorer la qualité de l’air dans des structures sportifs», précise le directeur de l’Athlétisme du Kenya.
Aujourd’hui, le combat est simple : il faut doter tous les stades du continent, de capteurs de particules pour une meilleure pratique du sport. «Nous devons faire que l’ensemble des infrastructures sportives soient dotées de capteurs de particules pour permettre aux sportifs de faire leur sport dans de meilleures conditions et dans un environnement sain», assure Général Jackson.
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