Il n’entend pas y répondre par un oui ou un non. Pour le moment en tout cas. Macky Sall s’étonne qu’on pose le débat sur un éventuel 3ème mandat alors qu’il vient d’être réélu. Alassane Ouattara, lui, demeure sibyllin.

Macky Sall fuit la question d’un éventuel 3ème mandat. Et pourtant, elle le poursuit (presque) partout. Même quand le sujet est économique. Mais le chef de l’Etat reste sur sa ligne : ni oui ni non. Pourtant, sa petite phrase lors du panel de la Ccr au King Fahd avait suggéré une volonté de mettre fin au débat. «Je ne serai plus là dans quelque temps», avait-il lâché. Lors du Débat africain de Rfi sur l’endettement de l’Afrique entre Macky Sall lui-même, l’Ivoirien Alas­sane Dramane Ouattara, la directrice du Fonds monétaire international (Fmi), Kristalina Georgieva, et le président du Cercle des économistes, Jean-Hervé Lorenzi, Alain Foka ne s’est pas privé de titiller Macky et Ouattara. «Ce qui est étonnant, c’est que pour un Président qui vient d’être réélu il y a à peine 6 mois on pose un débat sur un éventuel 3ème mandat, c’est déjà un problème. J’ai dit à mes amis politiques de mon bord : Concentrons-nous pour faire de ce mandat une réussite ! C’est cela l’enjeu. Maintenant que l’opposition en fasse un débat, je peux le comprendre parce qu’elle doit toujours agiter des idées. Les partenaires doivent suivre l’évolution des pays, il ne faut pas qu’ils dictent aussi. Aujourd’hui dans aucun pays développé vous ne verrez un Président élu et on pose déjà le débat sur un autre mandat», a répondu le Président du Sénégal. C’est cette ligne que certains de ses propres camarades de parti n’avaient pas respectée. Sory Kaba et Moustapha Diakhaté en ont payé les frais.
Et comme s’ils s’étaient passé le mot, son homologue ivoirien a aussi sorti son «je viens d’être réélu» avec une franche rigolade. «Je viens juste d’être réélu. Moi je ferai connaître ma décision en 2020», a-t-il dit. Jusqu’ici, point de doute. Mais quand ADO développe, il y a moins d’assurance. «Aujourd’hui, j’ai la possibilité, je suis en pleine forme, la Constitution m’autorise à le faire. Donc, vous voyez que c’est une décision personnelle», argue-t-il. S’agissant des inquiétudes des partenaires techniques et financiers sur cette incertitude, il dit : «Les partenaires, ce n’est pas une question de personne, mais d’équipe. J’ai une très bonne équipe, le pays marche bien, les taux de croissance sont forts, il y a la paix, la sécurité. Mais je crois fortement qu’il faut passer la main à une génération plus jeune et je travaille à cela. Si je sens que je suis prêt l’année prochaine, je le ferai. Macky Sall a pratiquement 25 ans de moins que moi. Ça fait 50 ans que je travaille. Qu’est-ce que je gagnerai à travailler encore plus longtemps, sauf si des circonstances exceptionnelles m’obligeaient à le faire.» Les Ivoiriens devront eux aussi attendre encore.