Le Pr Didier Raoult n’approuve pas la décision de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) de suspendre «temporairement» les essais cliniques avec l’hydroxychloroquine qu’elle mène avec ses partenaires dans plusieurs pays. Il qualifie même de «foireuse» et une «bêtise publiée dans la littérature» l’étude réalisée par la très réputée revue médicale «The Lancet» et qui a recueilli les données de 96 mille patients.

Le célèbre Professeur Didier Raoult n’émet pas sur la même longueur d’ondes que l’Organisation mondiale de la santé (Oms). La décision de cette structure de suspendre, par mesure de précaution, «temporairement» les essais cliniques avec l’hydroxychloroquine qu’elle mène avec ses partenaires dans plusieurs pays n’est pas en effet du goût du médecin français. Défendant son traitement contre le Covid-19, le Pr Raoul déclare d’emblée dans une vidéo publiée sur YouTube : «Je ne sais pas si ailleurs l’hydroxychloroquine tue, mais ici elle sauve des vies». La célèbre blouse blanche remet en cause l’étude qui a recueilli les données de 96 mille patients et réalisée par la très réputée revue médicale The Lancet, la qualifiant même de «foireuse» et de «bêtise publiée dans la littérature». «On est serein sur ce qu’on a fait. Les querelles scientifiques, politiques, publicitaires, tout ça a un temps. Le temps fait le tri, on n’est pas très inquiet. Comment voulez-vous qu’une étude foireuse faite avec le big data change ce que nous avons vu ?», s’est-il encore demandé. Cette dernière avait annoncé la semaine dernière que «la chloroquine et son dérivé l’hydroxychloroquine n’étaient pas efficaces et même dangereux en raison du risque de décès et d’arythmie cardiaque».
Argumentant sa position, le Pr Didier Raoult fera savoir : «Nous, il nous est passé 4 000 malades dans les mains. Ne croyez pas que je vais changer parce que des gens font du big data qui est une fantaisie délirante, qui prend des données dont on ne connaît pas la qualité, qui mélange tout, qui mélange des traitements dont on ne sait pas quelle est la dose qu’on a donnée. C’est sûr que si vous prenez de l’hydroxychloroquine… On peut se suicider avec quand on en prend trop, comme avec le Doliprane d’ailleurs qui est probablement en réalité plus dangereux que l’hydroxychloroquine.»
Plaidant pour la promotion du «travail réel, (de) la vision quotidienne» de ce qu’il voit sur le terrain, Pr Raoult s’attaque aux revues médicales et aux médias généralistes dont il est d’avis que «la réalité et le vrai monde sont tordus de telle manière qu’à la fin, ce qui est rapporté n’a plus rien à voir avec la réalité observable». «Regardez la mortalité des gens qui sont passés chez nous, ça n’est pas compliqué ! On sait tous de quoi ils sont morts et il n’y en a aucun qui est mort de tachycardie ventriculaire», renseigne le médecin marseillais qui ne manque pas de préciser que l’Institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille n’a enregistré que 36 patients décédés du Covid-19 depuis le début de la pandémie.
Le Pr Raoult semble insinuer même un remplacement probable de l’hydroxychloroquine, «un médicament qui ne coûte rien» suite à une décision politique par un médicament similaire coûtant «environ 200 euros par semaine».
L’Oms avait lancé il y a plus de deux mois des essais cliniques portant notamment sur l’hydroxychloroquine, et qui étaient dénommés «Solida­rité», pour trouver un traitement efficace contre le Covid-19. «Plus de 400 hôpitaux dans 35 pays recrutent activement des patients et près de 3 500 patients ont été recrutés dans 17 pays», a fait savoir le directeur général de l’Oms, Tedros Ghebreyesus. Alors que, d’après l’étude parue dans The Lancet, «ni la chloroquine ni son dérivé l’hydroxychloroquine ne se montrent efficaces contre le Covid-19 chez les malades hospitalisés, et ces molécules augmentent même le risque de décès et d’arythmie cardiaque», indique-t-on.
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