Début du Dialogue politique : LE PROJET NE CHANGE PAS

Il y a quelques jours, Sonko disait que le Sénégal n’a pas problème politique. Il a tellement raison que les Tdr proposés sont les mêmes que les dernières éditions du dialogue tenues sous Macky Sall. Pourquoi dialoguer si les recommandations ne sont pas appliquées ? Pour Diomaye, la postérité se gagnera dans l’application des recommandations. Par Bocar SAKHO –
Dans ce pays, c’est l’expression fétiche du monde politique et de la Société civile, figés dans un socle jamais renouvelé : Dialogue politique. Mêmes personnes. Mêmes partis politiques. Même Société civile. Dans l’inversement des rôles, il y a Macky Sall, ex-président de la République, organisateur jadis de ces rendez-vous, qui est absent, et Pastef, boycotteur lors des derniers dialogues, en est l’initiateur cette fois-ci. C’est le scénario du film, diffusé à plusieurs reprises, qui sera remis en salle ce matin à Diamniadio sous la Présidence de Diomaye Faye, qui a réussi à faire participer l’essentiel des «forces vives du pays» à cette journée du 28 mai institutionnalisée dans le calendrier républicain par son prédécesseur.
Et finalement, les mêmes Termes de référence (Tdr) sont remis sur la table, montrant que les discussions sont un éternel recommencement. Un remake ? Sans doute en attendant l’application des recommandations. A la comparaison du Dialogue politique tenu en 2019/2020 sous la conduite de feu le Général Niang, on note pratiquement les mêmes thématiques : il y avait en discussion 3 axes thématiques et 12 points discutés, comme les propositions sur le financement des partis politiques et des recommandations fortes sur certains points. Cette année, il est prévu 3 axes thématiques presque identiques, comme la démocratie, la liberté et justice, le processus électoral, la réforme institutionnelle à travers les organes de gestion. En plus de 11 points de discussion comme la rationalisation du calendrier électoral, le statut du chef de l’opposition, le financement des partis politiques, l’encadrement des règles d’existence des partis politiques… Avec deux nouveautés : le vote des personnes en détention et l’inscription automatique sur le fichier électoral dès l’établissement de la Carte nationale biométrique de la Cedeao et dès l’âge de la majorité. Une façon de mettre fin au débat sur les polémiques liées aux primo-votants ?
Il faut noter que le document sur le projet de loi statut de l’opposition est issu du dialogue de 2023. Il était bouclé avec la mise en mouture du projet de texte portant statut de l’opposition dont le chef est le candidat arrivé deuxième à l’élection présidentielle avec rang de président d’institution de la République. Selon le document, son mandat coïncide avec celui du président de la République. Il «perd ce statut, hormis la défaite électorale, en cas de démission, d’empêchement définitif ou de décès. Le parti politique qu’il représente désigne un successeur, conformément à ses règles statutaires.» Et il le perdrait automatiquement en cas de son entrée dans le gouvernement au profit du leader du parti d’opposition arrivé en troisième position lors de la dernière élection présidentielle, et ainsi de suite.
Chef de l’opposition : un Président bis
Et les avantages étaient énormes si on l’avait institutionnalisé : droit à la couverture médiatique des manifestations liées à l’accomplissement de sa mission, droit de réplique aux messages et/ou autres interventions médiatisés du président de la République ou du chef du gouvernement, d’être invité à toutes les cérémonies officielles de la République et traité avec les égards et honneurs dus à son rang, de faire partie des délégations qui accompagnent le Président lors de ses déplacements à l’intérieur ou à l’extérieur du territoire national. Sans oublier son association à l’accueil des hôtes de marque de la République. Il a droit à un traitement égal à celui d’un président d’institution ; à un passeport diplomatique, en même temps qu’une protection diplomatique et consulaire lors de ses déplacements à l’extérieur ; à la protection de sa personne et de ses biens ; à des ressources financières suffisantes pour assurer le bon fonctionnement de ses services, notamment les locaux qui abritent son cabinet. Mais, le dossier a été rangé dans ses tiroirs par le Président Sall. On peut se poser une question légitime : pourquoi donner autant de pouvoir au chef de l’opposition qui devient presque un Président bis ?
Que gagne Diomaye ?
Aujourd’hui, les attentes ne changent pas. Pour Diomaye-Sonko, c’est un nouveau cycle qui débute après qu’ils ont longtemps nié l’importance d’un dialogue politique dans un contexte de paix. Or, cet environnement aseptisé a toujours cours après que le pays a vécu une pré-Présidentielle 2024 chaotique. La seule différence ? L’application immédiate des recommandations pour marquer sa rupture avec le «système». Ou ses résidus !
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