Il faut élucider les circonstances de la mort de Abdou Faye, décédé dans les locaux du Commissariat central de Dakar. C’est une demande des parents du défunt complice de Boy Djinné qui écartent la thèse du suicide et demandent l’implication du chef de l’Etat pour faire jaillir la vérité. Par contre, la police est restée toujours aphone, quasiment 48 h après le drame.Par Justin GOMIS

– Le flou sur les circonstances du décès de Abdou Faye dans les locaux du Commissariat central reste total. En attendant, la police est restée emmurée dans le silence alors que le présumé complice de Boy Djinné dans son évasion est mort sous sa garde. Chez la famille du disparu, la thèse du suicide avancée jusque-là est repoussée des deux mains. Les parents de Faye, qui se serait donné la mort par pendaison dans l’enceinte du Com­missariat central où il était en garde à vue après un retour de Parquet, sont sortis de leur mutisme pour écarter la thèse du suicide. En conférence de presse hier au siège de Frappe France dégage, ils annoncent qu’ils ont su la mort de leur fils par des personnes autres que les autorités policières. «C’est le mercredi que son frère m’a appelé pour m’informer de son arrestation. Et le dimanche, quand il est allé lui rendre visite le matin pour lui donner son petit-déjeuner, on lui a dit qu’il ne pouvait pas le voir. Sur son chemin de retour, il a regardé son téléphone et c’est là qu’il a appris sa mort. Il m’a appelé à nouveau pour m’informer la mort de Abdou Faye. Et je lui ai demandé d’où il tient cette information. Il m’a dit que c’est à travers les réseaux sociaux. Je suis son papa. Il est mort dans des conditions qui nous font très mal», indique Pape Aly Faye, père de Abdou Faye dont le corps a été acheminé à l’hôpital Idrissa Pouye de Grand-Yoff pour les besoins de l’autopsie qui confirme le suicide.
Pour l’instant, la famille du défunt demande l’ouverture d’une enquête pour élucider la mort. «Nous voulons que la justice fasse son travail et nous serons mieux édifiés. Nous n’allons pas baisser les bras… Nous comptons suivre cette affaire jusqu’au bout. Et nous interpellons le président de la République Macky Sall pour qu’il nous aide à élucider cette affaire. La mort de Abdou Faye nous fait très mal. Nous savons qu’il est impossible aujourd’hui de le ramener en vie, mais nous tenons à savoir les circonstances de sa mort», poursuit le père, accablé par la douleur. En outre, il réfute aussi les tendances suicidaires auxquelles aurait été en proie son fils. «Les allégations selon lesquelles il est dépressif ne nous convainquent pas. Il nous faut plus pour pouvoir enterrer notre fils avec dignité. On n’a jamais été au courant de ses tentatives de suicide avortées. C’est son frère Fallou Faye qui m’a donné l’information sur son arrestation», enchaîne-t-il. Il ajoute : «Comment une personne en garde à vue peut-elle se suicider ? Son homonyme qui était allé lui rendre visite dit qu’il l’a trouvé avec une plaie au niveau du crâne.» Mor Ngom, beau-père du défunt, lui emboîte le pas : «Une mort naturelle dans une prison est difficile, plus difficile encore quand on nous parle de suicide. On veut la vérité.» Malgré la peine, Pape Aly Faye garde l’image d’un fils éduqué et affable et qui n’a jamais eu de différend avec la justice : «Il était quelqu’un de bien. On a passé la Korité ensemble. C’est la première fois qu’il est arrêté.» Et il en ressort les deux pieds devant…

L’autopsie confirme le suicide

La thèse du suicide semble se confirmer, si l’on en croit le certificat de genre de mort délivré par l’hôpital Idrissa Pouye de Grand-Yoff. Abdou Faye serait mort par pendaison dans les locaux du Commissariat central de Dakar où il était en garde à vue pour complicité présumée dans l’évasion de Boy Djinné, arrêté à Missirah après seulement 4 jours de cavale. Selon le document délivré par le chef du Service d’anatomie et de cytologie pathologique de l’ex-Hôpital général de Grand-Yoff, le décès de Abdou Faye est dû à une anoxie cérébrale et une asphyxie mécanique par pendaison. Selon lui, aucun signe de traumatisme n’a été constaté sur le reste du corps. Ces résultats vont troubler la famille du défunt qui a contesté la version du suicide de Abdou Faye. Ses «amis», qui avaient été arrêtés à Missirah, ont été placés en garde à vue hier par le juge d’instruction du 8ème cabinet.
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