Décès de François Mancabou et évasion de Pape Seck : Tache Spéciale sur l’Etat

Le procureur de la République est sorti de son silence pour expliquer les circonstances qui ont conduit François Mancabou, décédé mercredi, à être transféré à l’hôpital Principal de Dakar alors qu’il était en garde à vue dans les locaux de la Sûreté urbaine. Selon Hamady Diouf, il avait «cogné violemment le mur de sa cellule» à la Police centrale, provoquant son évacuation à l’hôpital où il est décédé. Il a néanmoins ordonné l’ouverture d’une enquête, qui a été confiée à la Dic, et la réalisation d’une autopsie.Par Justin GOMIS –
Agé de 51 ans, François Mancabou a été déclaré mort de manière «accidentelle» à l’hôpital Principal de Dakar, où il a été admis en réanimation après sa garde à vue dans les locaux de la Sûreté urbaine. Alors que la polémique enfle et les déclarations contradictoires s’affrontent sur la place publique concernant les circonstances du décès de ce supposé membre de la «Force spéciale», le ministère public ne pouvait plus garder le silence. Le procureur de la République, Hamady Diouf, qui a fait face à la presse hier dans l’après-midi, a ordonné l’ouverture d’une enquête confiée à la Division des investigations criminelles (Dic) afin de faire la lumière sur les conditions de la mort de Mancabou. Surtout qu’il avait été transféré à l’hôpital lors de sa garde à vue. «Aussitôt informé du décès de François Mancabou, j’ai donné des instructions à la Division des investigations criminelles (Dic) d’ouvrir instamment une enquête diligente, exhaustive et rigoureuse sous mon autorité directe afin de déterminer les causes et circonstances exactes du décès», dit Hamdy Diouf, qui a annoncé qu’une autopsie allait aussi être effectuée.
Arrêté le 17 juin dans le cadre du dossier de l’atteinte à la sûreté de l’Etat par la police en compagnie d’autres membres supposés appartenir au «commando» qui devait semer le chaos dans la capitale en marge de la manifestation de Yaw, François Mancabou était interrogé à la Sûreté urbaine qui pilotait l’enquête.
«Il a violemment cogné le mur et les grilles de la cellule…»
Pour sa famille et ses avocats, il aurait été torturé dans les locaux du Commissariat central où est logée la Su. Ce qui a précipité la dégradation de son état de santé provoquant son évacuation à l’hôpital Principal le 23 juin dernier. Faux, rétorque le ministère public, qui fait savoir que «François Mancabou cognait violemment le mur de sa cellule pour des raisons inconnues». Il dit : «Contrairement aux autres inculpés qui ont gardé le calme, le susnommé a violemment cogné le mur et les grilles de la cellule de détention. Les enquêteurs disposent d’images vidéo de 13 minutes qui seront déposées dans le cadre de l’enquête qui sera conduite.»
Par ailleurs, le procureur de la République révèle que François Mancabou détenait une arme à feu de type Walter, calibre 22, au moment de son arrestation. Selon le patron du ministère public, il détenait cette arme «illégalement parce que l’autorisation était frappée de caducité depuis 15 ans». Dans sa déclaration, le procureur a révélé qu’il avait été saisi sur le défunt, neuf munitions. Ce n’est pas tout ? Quel était alors le rôle de cet ancien militaire, reconverti garde du corps au sein de la «Force spéciale» dont l’objectif était de saboter des centrales électriques, le Train express régional (Ter), d’assassiner des personnalités politiques, de la Société civile, de s’en prendre aux intérêts français… ? «Selon les renseignements dont on dispose à ce stade de la procédure, son rôle consisterait, dans le cadre de ce qui est communément appelé la Force spéciale, à développer des stratégies d’attaque et de harcèlement contre les Forces de sécurité lors des manifestations qui étaient envisagées à l’époque», répond Hamady Diouf.
Sans la dégradation de son état de santé, il aurait été placé sous mandat de dépôt par le Juge d’instruction du deuxième cabinet, comme les 10 autres, «sur la base de charges réelles» de complot contre l’autorité de l’Etat, actes de nature à occasionner des troubles politiques graves, association de malfaiteurs en vue d’organiser des bandes en leur fournissant des armes, munitions, dans le but de s’attaquer à la force publique, détention et transport de produits et substances incendiaires en vue de compromettre la sécurité publique et détention illégale d’armes à feu, en rapport avec une entreprise terroriste, financement du terrorisme et complicité….
justin@lequotidien.sn