Le maire de Dalifort, 61 ans, est décédé hier des suites d’une maladie. Proche de Khalifa Sall, l’ancien député était aussi le président du Collectif des familles des victimes du Joola.

Sa disparition aura surpris comme l’est la fin tragique de ses 3 enfants emportés par le sinistre bateau Le Joola. Idrissa Diallo est décédé hier des suites d’une maladie, selon ses proches. Le maire de Dalifort, entré en politique après l’un des pires accidents maritimes de l’histoire, aura marqué la scène politique de son em­preinte. Ex-cadre du Port autonome de Dakar, il avait quitté le Sénégal pour les Etats-Unis afin de mener sa profession d’informaticien à Atlanta. Il sera rappelé au Sénégal par les évènements tragiques de la nuit du 26 au 27 septembre 2002. Ses 3 enfants âgés seulement de 15, 12 et 8 ans sont engloutis par les eaux au large des côtes gambiennes. Dra­matique ! Idrissa Diallo accuse le coup avec le soutien de son épouse Ndèye Dramé. Mélan­colie, amertume et tristesse brisent le cœur du papa de 40 ans. Idrissa Diallo décide finalement de rentrer définitivement au Sénégal après avoir été mis au courant de la nouvelle par son frère, Aly, basé à Washing­ton.
Considérant que l’Etat traîne les pieds pour faire la lumière dans le dossier du Joola, Idrissa Diallo s’engage en politique dans l’opposition. Il choisit le Parti socialiste, un parti que tout le monde fuit ou presque, battu en 2000 après 40 ans de règne à la tête du Sénégal. Idrissa Diallo va, avec d’autres familles, créer le Collectif des familles des victimes du Joola pour mener le combat judiciaire. D’abord sous Abdoulaye Wade, le natif de Marsassoum (né le 5 décembre 1959) poursuit la lutte sous le régime de Macky Sall. «L’Etat du Sénégal a cultivé l’oubli. L’opinion est tombée dans ce jeu de l’Etat qui refuse de rendre justice. Les Sénégalais ne retiennent rien du Joola parce qu’on leur a tout caché», a-t-il regretté lors de la commémoration des 14 ans du chavirement du bateau.

Homme politique passionné
Idrissa Diallo n’aura passé qu’une dizaine d’années au Ps. Mais il fait partie de ceux qui auront rythmé l’ancien parti de Senghor. Placé sur la liste nationale en 2012, il est élu député durant la 12ème Législature. Mais les Locales de 2014 vont signer le glas de ses relations avec Ousmane Tanor Dieng, son mentor d’alors. A Dalifort, commune du département de Pikine, il est réélu maire sous la bannière de «Taxawu Dalifort avec Khalifa», une confirmation après son premier mandat en 2009. Dans le rapport de forces entre Khalifa Sall et Ousmane Tanor Dieng, il choisit le premier et tire sur le second. Il avait même soutenu Me Aïssata Tall Sall pour le poste de secrétaire général lors du congrès de juin 2014. Homme politique passionné avec le courage de ses idées, il n’hésitait pas à ouvrir le feu sur la direction du Ps. Même contre l’aval de Khalifa Sall, son leader.  «Je lui ai dit qu’il a son style qui est doux, moi j’ai le mien qui est différent», lâchait-il avec le sourire.
Exclu du Ps le 30 décembre 2017, il a payé son option de suivre Khalifa Sall dans la coalition Manko taxawu senegaal pour les Législatives de la même année et auxquelles, en tant que tête de liste de cette coalition à Pikine, il ne sera pas réélu député. Idrissa Diallo fut aussi aux avant-postes du combat pour la libération de Khalifa Sall, écroué pour 5 ans de prison pour sa gestion de la caisse d’avance de la Ville de Dakar. Son dernier fait d’armes en politique est la campagne de collecte de parrainages pour Khalifa Sall, lors de la Présidentielle de février 2019. Depuis, il était de moins en moins visible dans les médias. Dalifort perd son maire qui sera inhumé aujourd’hui au cimetière de Yoff. Khalifa Sall aussi.