Jusqu’ici doyen des diplomates sénégalais, Massamba Sarré est décédé dans la nuit du dimanche au lundi à Dakar. Il fait partie des pionniers de la diplomatie qui ont érigé leur doctrine sous Senghor presque sur feuille blanche. Dans ses mémoires «De Ngalick à Paris : Aux premières heures de la diplomatie sénégalaise», qui est un récit de son parcours qui l’a mené en Afrique, en Asie, aux Etats-Unis et en Europe, il fait un témoignage sur la diplomatie sénégalaise axée sur l’enracinement et l’ouverture. Massamba Sarré a fait un rappel historique de son parcours de son village natal de Ngalick à Paris où il a fait ses études supérieures avant de devenir diplomate.
C’est la fin d’une époque. Il est des premiers personnages qui ont représenté le Sénégal un peu partout dans le monde. Comme l’indique le titre de ses mémoires, «De Ngalick à Paris : Aux premières heures de la diplomatie sénégalaise», Massamba Sarré, décédé dans la nuit du dimanche au lundi à Dakar, a marqué l’histoire diplomatique du Sénégal. Il a commencé aux premières heures de l’indépendance pour prendre sa retraite sous le 4ème Président du Sénégal. Il a été le premier ambassadeur du Sénégal en Iran, mais il a occupé le même poste tout au long de sa carrière en Tunisie, au Maroc, aux Etats-Unis, avant de finir sa mission à Paris.
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Dans son livre «De Ngalick à Paris : Aux premières heures de la diplomatie sénégalaise», il raconte son parcours au moment le Sénégal construit ses fondations diplomatiques qui sont devenues si solides qu’on fait du Sénégal, un pays sous-développé, une référence dans le monde. Sous la férule de Léopold Sédar Senghor, cette réputation a été construite méthodiquement pour compenser nos faiblesses économiques par une aura diplomatique.
Lors de la cérémonie de dédicace du livre en 2015, les hommages étaient unanimes. «Massamba Sarré fait partie des premiers pionniers qui ont tracé les lignes de la diplomatie sénégalaise (…). Peu de gens savent quelles sommes d’ingéniosité et d’abnégation il a fallu fournir par ces devanciers pour élever notre diplomatie, à partir d’une presque table rase, car à vrai dire, il n’y avait presque pas grand-chose», avait rappelé l’ambassadeur Ibrahima Kaba, ancien ministre-conseiller à Paris à l’époque où M. Sarré était l’ambassadeur du Sénégal en France. Il rappelait que cet ouvrage «constitue une trame Senhgorienne qui repose sur l’enracinement et l’ouverture».
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Dans le livre de 136 pages édité aux Editions Feu de brousse, Massamba Sarré fait état de sa jeunesse à Ngalick, petit village situé dans le département de Tivaouane, et ses différentes fonctions en tant que diplomate et ambassadeur dans plusieurs pays dont la Tunisie, le Maroc, l’Iran, la France, les Etats-Unis d’Amérique, entre autres postes. «Vous êtes le résultat d’une érudition coranique, d’une éducation islamique et d’une connaissance fine de la diplomatie et des relations internationales», avait affirmé le porte-parole de la famille de l’auteur à la cérémonie de présentation. «Entrer trois fois dans l’histoire, voilà ce qu’a réussi à faire de sa vie Massamba Sarré : fonctionnaire hors pair, ambassadeur décisif et écrivain fervent et soigné. Voici un homme discret et raffiné qui n’a jamais cherché à entrer dans l’histoire», avait souligné le poète Amadou Lamine Sall, directeur de la Maison d’Editions Feu de brousse.
Il retrouve dans l’Au-delà son beau-fils, l’ancien Premier ministre, Mahammad Dionne, qui avait présidé cette cérémonie. Ce jour-là, il a été élogieux à son endroit : «Cet homme est l’incarnation même du devoir accompli. Sa carrière de diplomate est une cargaison de leçons de vie et de conquêtes (…). Les mémoires partielles de Massamba Sarré nous arrivent à un moment où il n’y a presque plus de place en nous pour archiver nos inquiétudes, nos désespoirs sur l’avenir de notre terre. J’avais 28 ans. Mon père venait de partir. Mais avant de quitter ce monde, il m’avait confié à Massamba Sarré. Il a beaucoup fait pour moi.» Presque 7 mois plus tard, il est rejoint dans la vallée des larmes par ce «père» dont il a épousé la fille.
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A l’époque, Massamba Sarré avait surtout invité ses collègues à se lancer dans l’écriture «pour fixer les mémoires sur ce qui avait fait et continue de faire la renommée de la diplomatie du Sénégal dans le monde». Mankeur Ndiaye, ancien ministre des Affaires étrangères, témoigne : «De Tanger où je me trouve, je viens d’apprendre la triste nouvelle de la disparition de notre cher Doyen l’ambassadeur Sarré. Un grand diplomate aimé et respecté. Mes condoléances émues à sa fille Caty Dionne, à sa famille et aux collègues. La Diplomatie sénégalaise perd en l’ambassadeur Massamba Sarré un grand chevalier. J’ai eu le privilège d’organiser en 2015 aux Affaires étrangères la cérémonie de dédicaces de son livre «De Ngalick à Paris : Aux premières heures de la diplomatie sénégalaise».
Après l’école primaire à Tivaouane, il fait ses études secondaires à Saint-Louis, avant d’accéder aux universités de Dakar et de Grenoble en France. De retour au Sénégal, Massamba Sarré a failli être Directeur national de la Banque centrale, mais il s’est retrouvé en diplomatie à la suite d’une situation indépendante de sa volonté. «Son beau-père de l’époque l’a conduit tout droit dans l’Administration et il y est resté, accueilli par le ministre Doudou Thiam», indique l’ambassadeur Ibrahima Kaba qui avait fait la présentation de l’ouvrage. La fin d’une ère !
bsakho@lequotidien.sn