Grièvement blessé lors des manifestations ayant suivi le report de la Présidentielle, l’étudiant Prosper Clédor Senghor a rendu l’âme hier. L’administration de l’université appelle au calme tandis que les étudiants, bien qu’endeuillés, ont décidé de reprendre le chemin des amphithéâtres après plusieurs jours de cessation d’activités pédagogiques. Par Alpha SYLLA –

Les manifestations anti-report de la Présidentielle ont occasionné à présent quatre victimes dont deux sont des étudiants à l’université Gaston Berger de Saint-Louis.

Dans une note publiée très tôt ce mercredi, l’administration de l’université informe du «décès de Prosper Clédor Senghor, étudiant en Licence 1 de Mathéma-tiques appliquées et sciences sociales (Mas) à l’Ufr Sat». Selon la Coordination des étudiants de Saint-Louis (Cesl), cet étudiant, originaire de la commune de Cabrousse, située dans le département Bignona dans le Sud du pays, était grièvement blessé lors des échauffourées ayant opposé les étudiants aux Forces de défense et de sécurité suite à la décision du chef de l’Etat de repousser l’élection présidentielle. Pour des besoins de soins, Prosper Clédor Senghor était donc évacué à Dakar et admis aux services de réanimation de l’hôpital Principal où il a succombé à ses blessures ce mercredi matin. Dans la foulée, la Cesl a convoqué «une Assemblée générale d’urgence» à la place de Tour de l’œuf, pour des considérations relatives au décès de leur camarade.

Retour des activités pédagogiques
Bien que consternés et endeuillés, les étudiants ont opté pour la décrispation et l’apaisement au sein du campus. En effet, à l’issue de son Assemblée générale du jour, la Cesl a décidé de suspendre son mot de d’ordre de cessation de toute activité pédagogique, décidé le 9 février et réitéré le 18 février. Dans un communiqué faisant office de compte rendu, la coordination «demande aux étudiants de regagner le campus».

Une décision surprenante pour certains au regard de la réaction observée par les Sanarois après le décès de Alpha Yéro Tounkara. «Loin d’abdiquer, la coordination continuera de mener le combat pour obtenir justice pour nos camarades décédés, mais avec d’autres moyens différents de ceux utilisés jusque-là», assure une source proche de la coordination.

Solidarité de l’Ucad
Réunis pour un sit-in ce mercredi matin au sein du temple du savoir, les étudiants de l’Univer-sité Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), rassemblés au sein du Collectif des amicales, ont affiché leur solidarité à leurs camarades de l’Ugb. Lors d’une conférence de presse éclair, Aliou Diallo et ses camarades ont exigé que la lumière soit faite pour situer les responsabilités autour de ces décès. Aussi, le collectif réclame l’ouverture de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, fermée depuis bientôt neuf mois à cause des saccages survenus en début du mois de juin dernier.

«Comme aujourd’hui il y a un dégel et que les détenus politiques sont en train d’être libérés, nous nous étonnons toujours pourquoi l’Ucad, le plus grand détenu politique, n’est pas encore libérée. Dans un pays normal, elle serait la première institution à être libérée», déclare Aliou Diallo, président de l’Amicale des étudiants de la Faculté de médecine, de pharmacie et d’odontologie, et membre du collectif. Revenant sur les conséquences de ces vacances prolongées forcées, Aliou Diallo informe que «beaucoup de (leur) camarades ont déjà abandonné les études, d’autres parmi eux ont péri dans l’Atlantique ou sur le chemin vers le Nicaragua à la recherche d’un avenir meilleur… et certains croupissent encore dans les prisons».

Le collectif n’a pas manqué de dénoncer le non-respect par les responsables de l’université du protocole d’accord signé avec eux pour la réouverture de l’Ucad en début octobre. Face au refus de l’autorité, les étudiants menacent de dérouler leur plan d’actions si la date de la réouverture du temple du savoir n’est pas connue d’ici vendredi. Plan d’actions qui commence par une marche dans les prochains jours et dont l’itinéraire n’est pas encore défini.