Porte-parole ou impénitent hâbleur ? Même s’il a tenté de repréciser sa pensée, Moustapha Njekk Sarré se retrouve dans la controverse après ses révélations sur la mort de Moustapha Bâ, qui a été «tué dans des conditions troubles».

 

Par Bocar SAKHO – En quelques heures, la vidéo du porte-parole du gouvernement est devenue virale. Les mots prononcés par Moustapha Sarré sur les conditions de décès de l’ancien ministre des Finances, ont provoqué un émoi incroyable. Sans ciller, il a révélé que Moustapha Bâ a été tué en France. «Ils ont menti sur les chiffres, ils ont menti au Peuple sénégalais et aux partenaires. Lors de sa rencontre avec le Président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko, Moustapha Bâ leur a révélé que les chiffres n’étaient pas exacts. Nous devons élucider les circonstances de sa mort, car il a été tué dans des conditions troubles», a déclaré Amadou Moustapha Njekk Sarré, lors d’une activité organisée par la Jps de Mbao. C’est une sortie à la fois surprenante et fâcheuse pour le régime de Pastef empêtré dans le projet d’abrogation partielle de la loi d’amnistie, avec la proposition d’interprétation soumise par Amadou Bâ.

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Face au tollé provoqué par cette déclaration, il a tenté de rétropédaler en s’en prenant aux apéristes qu’il accuse d’alimenter la polémique. «Quand on manque d’arguments, on fabrique des polémiques», assure-t-il.

Il décide de solder ses comptes : «après avoir plongé le pays dans une situation économique catastrophique, les champions du maquillage des chiffres et de la diversion tentent aujourd’hui d’exister autrement qu’en assumant leur bilan. Ce week-end, j’ai lancé avec fierté les activités de l’Ecole du parti Daaray Cheikh Anta Diop à Mbao, pour un militantisme engagé et au service du développement. Mais au lieu de débattre sur les véritables enjeux qui concernent les Sénégalais, certains préfèrent manipuler des propos sortis de leur contexte», note M. Sarré.

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Il poursuit : «Soyons clairs : comme tout citoyen, j’ai le droit de m’interroger sur des faits marquants de notre actualité, sans pour autant faire d’affirmations. Ceux qui veulent faire diversion pour éviter les débats de fond sur la gouvernance et l’avenir du pays se fatiguent en vain. Pendant qu’ils polémiquent, nous avançons, déterminés à bâtir un Sénégal nouveau, sur la base de la vérité, de la rigueur et du développement pour tous.»

Malgré cette «re-précision» de sa pensée, le ministre de la Formation professionnelle se retrouve au cœur d’une controverse.

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Car l’enquête liée à la mort de l’ancien ministre des Finances et du budget est pendante devant la jJustice, qui avait décidé d’ouvrir une information judiciaire. Ce qui avait retardé son enterrement à la suite de la décision du procureur de la République d’ordonner une autopsie. Après avoir émis des doutes sur les circonstances de son décès, le journaliste Adama Gaye s’était retrouvé en garde à vue, avant d’être jugé et relaxé par le Tribunal de Dakar.

Aujourd’hui, cette sortie lance un débat sérieux : les autorités judiciaires françaises ont-elles fermé les yeux sur un supposé cas de meurtre ? Pourquoi ? Y’a-t-il eu des délégations judiciaires ? Ou des commissions rogatoires ? En tout cas, les appels à sa démission et l’auto-saisine du procureur s’enchaînent pour élucider cette affaire à la suite de nouvelles révélations du porte-parole du gouvernement.

Le porte-parole est rattrapé par une nouvelle polémique, après sa sortie sur l’ex-chef de l’Etat qu’il a traité de chef de «gang». Il avait soutenu en même temps que Macky Sall sera «inévitablement poursuivi», en faisant référence au rapport de certification des comptes publics par la Cour des comptes sur la gestion du régime de Benno. Et la prochaine ?
bsakho@lequotidien.sn