Le linguiste-éditeur et économiste sénégalais, Pathé Diagne, est décédé, mercredi à Dakar, à l’âge de 89 ans, a annoncé son neveu Mademba Ndiaye. Né le 7 janvier 1934 à Saint-Louis du Sénégal, Pathé Diagne est «cet intellectuel de toutes les batailles pour les langues nationales, notamment aux côtés de ses compagnons Cheikh Anta Diop et Ousmane Sembène», a témoigné le journaliste. Mademba Ndiaye a rappelé que c’est lui qui a «organisé le fameux colloque qui a permis au savant Cheikh Anta Diop, pendant des nuits, d’exposer sa pensée à l’Université de Dakar», en 1982. Après le colloque du Caire de 1974, ce symposium, à l’initiative des éditions Sankoré de Pathé Diagne, est considéré comme l’une des rares occasions qui s’offraient  à l’égyptologue sénégalais pour répondre en profondeur sur l’ensemble de son œuvre devant des universitaires. Alioune Sall «Paloma» a confié à l’Aps que Pathé Diagne est un «homme pluriel qui présentait plusieurs facettes (…) un vrai chercheur (…) il n’y a plus de gens qui ont exploré les sciences humaines au Sénégal que lui». «Pathé Diagne est un désireux du partage. Il savait manier l’arme de la critique et des concepts», a poursuivi M. Sall, saluant les «qualités de cœur et d’esprit» du disparu.
Alioune Sall, un neveu du disparu, a estimé que le Sénégal «a besoin des lumières et de la qualité du sociolinguiste qui avait une capacité à lire les réalités avec une audace intellectuelle, surtout dans ces périodes aussi troubles que celles que l’on connait». Il a été surtout un connaisseur de la pensée de Cheikh Anta Diop dans ce qu’elle a de subtil, de fécond et de controverses, a poursuivi Alioune Sall «Palo­ma». «Il a été, sans jamais en tirer gloire, l’un des plus grands connaisseurs de Cheikh Anta Diop. Il lui a consacré un livre. Personnellement, je pense que c’est l’ouvrage le plus éclairant et le plus édifiant sur la pensée de Cheikh Anta Diop, avec tout ce qu’elle a suscité comme controverses et complexité», a-t-il souligné. Dans un texte qu’il lui consacra en 1969, le journal Le Monde indiquait qu’il appartenait à une «famille de commerçants aisés». Après des études au Lycée Faidherbe, dans sa ville natale, Saint-Louis, il prépara une licence de droit et une licence de lettres à l’Université de Dakar. En 1965, il soutint à Paris, une thèse préparée sous la direction du professeur Maurice Byé. Cette thèse portait sur «l’intégration économique en Afrique occidentale».
Désireux de mener à son terme cette double formation juridique et littéraire, il s’apprêta alors à passer un doctorat ès lettres à l’université d’Aix-en-Provence, après avoir achevé la rédaction d’un volumineux travail sur «l’adaptation des langues africaines à la modernité», indiquait encore Le Monde. Cet historien des civilisations était le fondateur des éditions Sankoré. Pathé Diagne était aussi le mari de la sociologue Fatou Sow, chercheure à l’Ifan et l’une des premières étudiantes de l’Univer­sité de Dakar, devenue l’université Cheikh Anta Diop.
Aps