Une icône pour les uns, un grand frère pour les autres, le journaliste Ndatté Diop est décédé hier à l’hôpital Nabil Choucair de la Patte d’oie.Par Malick GAYE

– El Hadji Ndatté Diop, le journaliste de la Radio futurs médias (Rfm) n’est plus ! Il a rendu l’âme à l’hôpital Nabil Choucair de la Patte d’oie, où il avait été admis à la suite d’un malaise. Il repose désormais à Pire Gourèye, sa ville natale. C’est une perte pour la presse, surtout la presse culturelle. En effet, au mois de décembre 2020, il avait été porté à la tête de l’Association de la presse culturelle du Sénégal (Apcs). Depuis cette date, l’amélioration des conditions de travail des membres de l’Apcs a été sa mission. C’est dans cette logique qu’il a pu décrocher 5 places tous frais payés pour les membres de l’association, afin de couvrir le dernier Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Généreux dans l’effort, Ndatté Diop avait toujours un mot motivant à l’égard des reporters. Son envie d’élever la culture dans la presse a été sa boussole. «Vous êtes la relève, imposez-vous», insistait-il à chaque rencontre avec ses cadets. Car, comme une prémonition, il avait fini d’écrire sa légende. En près de 20 ans d’expérience à la Rfm, il faisait partie des voix qui comptent dans le paysage audiovisuel du Sénégal.
Journaliste aux multiples casquettes, Ndatté Diop a été correspondant dans les régions pour la Rfm, avant d’intégrer la rédaction centrale où il présentait régulièrement le Midi et le journal de 16h 30. Ancien chef du desk culturel de la radio, il avait en charge, avant son décès, l’actualité dans les régions. Rien ne prédestinait cet homme reconnaissable par ses tenues africaines originales, à devenir un véritable passeur de culture et un ambassadeur pour les artistes du continent. De son Pire natal, Ndatté Diop s’est formé ensuite entre l’Issic et l’Iseg. Diplôme en poche, il opte pour un renforcement de capacités au Cesti. Avant d’être auditeur libre dans cette prestigieuse école de journalisme, Ndatté Diop avait déjà plusieurs années d’expérience. Homme de conviction, Ndatté Diop était très impliqué dans les questions de diversité, il invitait les Africains à s’approprier leur histoire et surtout les jeunes reporters. Au dernier Fespaco, n’étant presqu’entouré que de novices, il n’hésitait pas à jouer un rôle de mentor rigoureux dans le travail ; Ndatté était profondément humaniste. Alors qu’une partie de la presse était logée à l’hôtel Cocody plus, dans un quartier éloigné des activités du dernier Fespaco, il a sorti de sa propre poche l’argent pour soigner deux reporters tombés malades. C’est dire la générosité et la bienveillance de l’homme. Avec sa disparition, c’est toute la presse sénégalaise qui est orpheline. Et le monde de la culture également.

«Nous perdons un brillant journaliste»
Dès l’annonce de sa disparition en pleine édition du Midi sur la Rfm, les réactions se sont enchaînées. Dans l’après-midi, c’est le Président Macky Sall qui a adressé un message de condoléances à la famille du défunt et à ses collègues du Groupe futurs médias (Gfm). «C’est avec une immense tristesse que j’ai appris le décès du journaliste Ndatté Diop. J’adresse mes condoléances émues à sa famille, ainsi qu’au Groupe futurs médias et à toute la presse sénégalaise.» Son ancien directeur, Mamoudou Ibra Kane, a également salué le professionnalisme de Ndatté Diop. «Nous perdons un brillant journaliste. Premier correspondant recruté de Rfm à Thiès, Ndatté s’était toujours fait remarquer par son professionnalisme, son humilité, son calme, sa pondération et sa piété», souligne le patron de Emedia.
mgaye@lequotidien.sn