Le leader vocal du groupe Raam daan repose au cimetière musulman de Yoff. Thione Ballago Seck a été porté sous terre, ce dimanche par une foule immense composée de ses collègues artistes, de personnalités de tous bords et d’anonymes.

Thione Ballago Seck est mort. L’artiste-musicien-compositeur a été emporté par une courte maladie. Son décès brutal a plongé les mélomanes dans une profonde consternation ce dimanche. Après avoir rendu l’âme dans une clinique de la place, la levée du corps a eu lieu à la morgue de l’hôpital Fann. Le cortège funèbre s’ébranla ensuite, direction le cimetière musulman de Yoff. Chez lui au quartier Ouest Foire, la devanture est pleine à craquer. Proches, artistes, fans et anonymes, les mines tristes, portent le deuil. Il faut jouer des coudes pour se frayer un chemin. «S’il vous plaît ! Les journalistes libérez le chemin pour permettre aux gens de s’installer», supplie un homme dans la foule. L’atmosphère est lourde. Les plus sensibles ont du mal à retenir leurs larmes.
Dans cette ambiance macabre, une voix féminine pousse un grand cri. On tente de lui remonter le moral. Aussitôt, un homme, chapelet autour du cou, hurle «oh Thione demna ! Thione demna, tedou delouciwatt (Thione est parti à jamais !)». Il sera consolé par un groupe d’individus. D’une voix de stentor, un homme demanda au public de rejoindre le cimetière de Yoff où le corps est en cours d’acheminement. C’est la ruée. A pieds, sur deux-roues, ou encore à bord de voitures, tout le monde se précipite pour ne pas rater l’inhumation. Du coup, les voies qui y mènent sont devenues subitement embouteillées. Le parking du cimetière s’est montré très exigu pour contenir l’afflux de véhicules. Un monde fou aussi. Le climat devant la mosquée est indescriptible. Quel brouhaha ! «Reculez ! Reculez pour l’amour de Dieu!», vocifère un homme en blanc, derrière ses lunettes noires. Un message tombé dans l’oreille de sourds. C’est une grosse bousculade qui se joue en face de la mosquée où l’accès est filtré pour permettre aux proches de la famille de rentrer. Waly Seck, fils de feu Thione Ballago Seck, habillé en Jallaba, sort pour s’adresser aux uns et aux autres. «Pour l’amour de Serigne Touba, restez calmes, reculez, formez les rangs pour la prière !», demanda-t-il. Malgré la douleur, il tient face à l’épreuve divine. Il rentra dans la mosquée laissant derrière lui, le même constat. Avant que des cris de «Allah ! Allah ! Allah !» ne commencent à sortir des bouches.
Plusieurs artistes dont Youssou Ndour, Ismaïla Lô, Fallou Dieng ont tenu à accompagner Thione Seck à sa dernière demeure. Le journaliste Fadel Lô, connu pour sa proximité avec le défunt, était aussi là. «L’ami de Thione Seck est là», dit l’artiste reggaeaman, Ibou Gaye. «Non, c’est mon grand frère», lui répond le journaliste culturel. C’est le début de discussions anecdotiques entre les deux hommes. Les minutes s’égrènent, toujours pas de prière mortuaire à cause du désordre. «Le commandant est là. Ils vont tous reculer», se réjoui un jeune au vu des gendarmes venus en petit nombre. A peine arrivée, ils n’ont pas eu le temps de rétablir l’ordre, que débute la prière. A la fin, au milieu d’un cordon sécuritaire formé par des jeunes bénévoles, traverse la dépouille. Elle est placée dans le corbillard. Roulant doucement et en klaxon sous des «Allah ! Allah», il pénétra dans le cimetière. Mais il laisse derrière lui plusieurs personnes abattues, victimes des pickpockets qui ont chipé de nombreux téléphones portables.
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