Le Secrétaire général de l’Unsas, Mademba Sock, est décédé vendredi à Paris. Syndicaliste fougueux, M. Sock aura été au cœur de la lutte pour la satisfaction des revendications des travailleurs jusqu’au bout.

Par Dieynaba KANE – C’est un monument qui s’est effondré. C’est une grande figure du mouvement syndical qui a tiré sa révérence vendredi dernier. Mademba Sock aura marqué d’une empreinte indélébile le syndicalisme au Sénégal. Né en 1959, Mademba Sock a commencé à se faire remarquer dès les années 1990 en tant que Secrétaire général du Syndicat unique des travailleurs de l’électricité (Sutelec). A la tête de cette organisation, il s’est farouchement opposé à la privatisation de la Senelec décidée par le régime socialiste. Secrétaire général du Sutelec, Mademba Sock va engager un mouvement de grève qui va plonger le pays dans le noir pendant des jours avec des conséquences désastreuses. Mademba Sock et 26 de ses camarades accusés de «sabotage» par les autorités de l’époque vont être arrêtés et placés sous mandat de dépôt le 20 juillet 1998.

Cette mise en détention va encore rendre plus célèbre Mademba Sock, des mobilisations sont organisées pour la libération et la réintégration des syndicalistes arrêtés. M. Sock va être libéré après 6 mois d’emprisonnement. Sa notoriété et sa popularité vont prendre de l’ampleur en partie grâce au tube que Youssou Ndour avait sorti pour dénoncer ces délestages. Dans ce titre intitulé «Boulen coupé», le lead-vocal du Super Etoile s’interrogeait sur les véritables raisons de ce problème et le nom «Mademba» faisait partie du refrain de la chanson. D’ailleurs, voulant tirer profit de cette popularité, Mademba Sock, également Secrétaire général de la Centrale syndicale Unsas, va se présenter à l’élection présidentielle de 2000. Election au cours de laquelle il va recueillir 0, 56% des suffrages exprimés.

Mademba Sock n’aura pas l’étoffe nécessaire pour les habits d’un président de la République, mais en syndicaliste fougueux il faudra compter avec lui pour défendre les travailleurs en tant que Secrétaire général de l’Unsas, quel que soit le secteur d’activité.

Après 27 ans à la tête du Sutelec, Mademba Sock va quitter son poste en 2018, cédant la place à Habib Aïdara. Il avait justifié son départ par son âge avancé et la nécessité de renouveler la direction syndicale avec des figures plus jeunes. En plus de ses activités au sein du Sutelec et de l’Unsas, Mademba Sock était Pca de la Caisse de sécurité sociale. Il aura été de tous les combats pour l’intérêt des travailleurs, mais il a fini par perdre celui qu’il menait contre la maladie qui l’a emporté ce vendredi 14 juin à Paris. Les travailleurs ont perdu un fervent défenseur.
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