Décès surprise de Bruno Diatta : DÉPART SANS PROTOCOLE – Macky Sall : «Il était une référence absolue» – Wade : «Une grande perte pour le Sénégal»

Il ne fêtera pas ses 70 ans ni sa trente-deuxième année de service au Palais présidentiel ! L’éternel chef de Protocole de la Présidence, est-on tenté de dire, n’est plus. Il a rendu l’âme hier. Il fait partie des rares Sénégalais qui peuvent se targuer d’avoir travaillé avec les 4 seuls Présidents que le pays a eus pour le moment. Dans le monde politique, il fait consensus grâce à sa «probité et sa rigueur».
Il est l’ombre des différents chefs d’Etat. De Senghor à Diouf, en passant par Wade et Macky Sall, Bruno Diatta était là, derrière, pour gérer le service avant et après-vente. C’est l’éternel chef de Protocole de la présidence de la République. Ainsi, il sera tout bizarre de voir une autre personne occuper ce poste tant les Sénégalais se sont habitués au teint clair de l’homme qui a vu défiler les 4 Présidents du pays. Bruno Diatta n’est plus ! Il a rendu l’âme hier. Une triste nouvelle qui a contraint le chef de l’Etat à annuler, sur le tarmac de l’aéroport de Dakar, son déplacement au Mali. Le Président Sall ajoute : «J’ai rarement vu un serviteur de l’Etat aussi conscient de sa mission, son travail et aussi respectueux de l’Etat et de son fonctionnement. Et lors du dernier voyage de Emmanuel Macron, le chef de Protocole de l’Elysée m’a dit et au Président Macron que Bruno était son maître. Il était une référence absolue en matière de protocole à travers le monde pour l’expérience cumulée depuis 1978 et de manière ininterrompue.»
A la fois témoin et auteur d’une partie de l’histoire de la Nation sénégalaise, Bruno Diatta emporte avec lui plus de 3 décennies de secret. «J’ai appris avec tristesse la disparition du ministre Bruno Diatta, figure emblématique de la République du Sénégal indépendant. Il aura porté jusqu’au bout la culture d’Etat en témoin d’une bonne partie de l’histoire de notre jeune Nation», a tweeté Macky Sall. Même son de cloche chez l’ancien Président avec qui il aura travaillé 12 ans durant : «Bruno Diatta, le chef de Protocole du président de la République Macky Sall vient d’être rappelé à Dieu. Une grande perte pour le Sénégal. Bruno Diatta a servi de Senghor à Macky Sall, en passant par Abdou Diouf et Pr Abdoulaye Wade… Paix à son âme !»
Au service de la République
Homme de confiance, Bruno Diatta est sorti de l’Ecole nationale d’administration comme conseiller aux affaires étrangères. C’est vers la fin des années 70 qu’il pose ses valises au Palais. Chef du protocole de Senghor, Bruno Diatta séduit par son professionnalisme et son sens de la responsabilité. Muet comme une tombe, peu disert, il est conservé par Abdou Diouf après le départ de Senghor. Abdoulaye Wade et Macky Sall feront pareil. D’ailleurs, de l’avis de Pape Samba Mboup, il devait faire valoir ses droits à la retraite, mais Wade l’avait conservé. Macky Sall ne fera que 8 ans avec lui. Alioune Tine qui avait retenu la «politesse extraordinaire» parle d’un «monument qui tombe». «Une grande tristesse. En 2000, quand nous faisions la médiation entre Diouf et Wade, on discutait le plus avec Bruno. D’une politesse extraordinaire et d’un calme olympien, c’est un monument qui tombe. On souhaite qu’il repose en paix», a-t-il déclaré.
C’est un homme dont la probité fait consensus. Ousmane Sonko confie : «Un des hommes que j’aurais souhaité avoir comme collaborateur alors que je ne le connais pas et ne l’ai jamais rencontré. Mais il n’est pas besoin de connaître Bruno Diatta pour avoir des certitudes sur ses qualités : sa rigueur, son professionnalisme, son patriotisme. L’expression commis de l’Etat semble avoir été toute taillée pour lui seul. La République vous est redevable.» Robert Sagna renchérit : «Depuis le début de la République, il a été de tous les régimes. Il a un parcours inégalé. On ne lui rendra jamais un hommage suffisant», témoigne l’ex ministre de l’Agriculture. C’est un exemple à suivre par toutes les générations qui l’ont connu et celles qui vont suivre. Il est mort au service de la République.»
mgaye@lequotidien.sn