La nouvelle Déclaration de Dakar sanctionnant le forum de haut niveau sur l’irrigation au Sahel, Dakar +10 (7 au 9 avril) ambitionne d’atteindre le cap du million d’hectares de terres irriguées sous maîtrise totale d’ici 2035 dans le Sahel. De nouvelles mesures ont ainsi été adoptées, notamment sur la question des financements, pour accélérer le processus.Par Alioune BADARA NDIAYE(Correspondant) – 

Dakar 2013 projetait 1 million d’hectares de terres irriguées à l’horizon 2020. Un objectif loin d’être atteint avec seulement quelque 285 mille hectares aménagés depuis lors, selon le bilan dressé lors du forum de haut niveau sur l’irrigation au Sahel dénommé Dakar+10, organisé par le Cilss, en partenariat avec la Banque mondiale, du 7 au 9 avril 2025 au Cicad.

A travers la nouvelle Déclaration de Dakar sanctionnant ces trois jours de travaux, les gouvernements du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Sénégal et du Tchad ont ainsi lancé un appel urgent à l’action pour accélérer les investissements dans l’irrigation, avec comme objectif d’atteindre effectivement le million d’hectares de terres sous maîtrise totale d’eau d’ici 2035. «Lançons un appel aux chefs d’Etat et de gouvernement des pays sahéliens, aux organisations de producteurs et à la Société civile, aux partenaires techniques et financiers et aux secteurs privés, pour accélérer les investissements d’irrigation afin d’atteindre effectivement un million d’hectares sous maîtrise totale d’eau d’ici 2035, conformément aux besoins en financement de la stratégie d’irrigation 2025 adoptée par le forum», a mentionné, hier, Sylvain Nafiba Ouédraogo, Secrétaire exécutif adjoint du Cilss, procédant à la lecture de la nouvelle Décla­ration de Dakar.

Pour y arriver, des mesures s’inscrivant dans cette nouvelle stratégie d’irrigation ont été adoptées par les ministres et représentants des six pays.

«Le forum a été l’occasion pour les participants d’adopter une nouvelle stratégie qui définit cinq grandes priorités d’investissement visant à favoriser une transformation dans l’irrigation au Sahel», renseigne le communiqué de presse émanant des organisateurs. «Ces priorités incluent : le soutien aux programmes d’irrigation nationaux qui intègrent un aspect régional, l’amélioration de la performance des schémas d’irrigation publics et communautaires, la promotion du développement de l’irrigation dirigé par les agriculteurs, la réduction du déficit d’investissement, la mise en œuvre d’une approche territoriale intégrée, la diversification des sources d’eau pour une meilleure résilience climatique, le renforcement de la résilience des systèmes d’irrigation face aux défis environnementaux et conflictuels», a détaillé le document.

«Investissons dans des systèmes d’irrigation modernes et résilients, qui permettront d’accroître la productivité agricole, de réduire notre dépendance aux aléas climatiques et de garantir un avenir prospère à nos populations», a déclaré Dr Mabouba Diagne, ministre de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage du Sénégal. «En­semble, faisons de l’irrigation durable un pilier de la transformation agricole au Sahel», a-t-il poursuivi.
«Le Sahel possède un potentiel important inexploité en eaux de surface capable de soutenir une expansion durable de l’irrigation», a poursuivi M. Ouédrago dans sa déclaration, faisant cas de plus de 20 millions d’hectares de terres irrigables au Sahel.

«Dans notre espace Sahel et Afrique de l’Ouest, seulement 10% de notre production agricole sont réalisés sous maîtrise partielle ou totale de l’eau, malgré l’important potentiel agricole et les immenses ressources en eau de surface et eau souterraine», a noté Keda Balla, ministre tchadien en charge de la Production agricole. «La nouvelle stratégie sur l’irrigation au Sahel qui vient d’être adoptée constitue un document de référence sur les scénarios d’investissement futurs», a enchaîné M. Balla, par ailleurs ministre coordonnateur du Cilss. Il a indiqué que la finalité est d’assurer la résilience des systèmes agricoles et de garantir la souveraineté alimentaire grâce à une meilleure maîtrise de l’eau.
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