Déclaration – Le député Pastef Ayib Daffé à son collègue TAS : «Il ne sait même pas ce qu’est la loi interprétative»

Le président du Groupe parlementaire Pastef/Les Patriotes, Ayib Daffé, a réagi aux critiques de son collègue Thierno Alassane de la République des valeurs sur le choix du régime portant sur la loi interprétative de la loi d’amnistie. Le député du régime ne veut surtout pas qu’on parle de deux poids deux mesures en évoquant cette loi interprétative qui, pourtant, déclenche une vague de contestations dans l’opposition.Par Amadou MBODJI –
Une loi portant interprétation de la loi d’amnistie est l’option choisie par les députés de la majorité. Cela fait suite à une proposition de loi déposée à l’Assemblée nationale par le député Amadou Bâ de Pastef. Après le rejet de sa proposition par les députés du pouvoir, le député Thierno Alassane Sall de la République des valeurs était monté au créneau pour fustiger la démarche du parti au pouvoir.
«Une amnistie sélective est pire qu’une amnistie totale, car elle établit une distinction entre bons criminels (ceux ayant une motivation politique) et mauvais criminels (les autres)», avait lancé Tas. Une sortie à laquelle a réagi le député Ayib Daffé de Pastef qui, avec ses collègues, a du mal à laisser passer ces critiques.
Le député de Pastef parle de Thierno Alassane Sall en disant que c’est «un farceur, un tricheur, qui n’est présent à l’Assemblée que lorsque les médias sont là». Ayib Daffé croit savoir que son intention était de nuire à Pastef et à la population.
«Il ne sait même pas ce qu’est la loi interprétative. Thiakhane kaat leu, tapalé kaat leu», affirme-t-il.
Il ajoute que Thierno Alassane Sall se «distingue par ses absences récurrentes à l’Assemblée nationale et qu’il ne vient que lorsque les caméras sont présentes», souligne-t-il. Il affiche une preuve pour se donner de la contenance.
«La preuve, même hier, lors de la Commission des lois, il n’était pas là, comme d’habitude. Seulement, il s’est précipité en apprenant que Pastef avait pris une initiative concernant la loi d’amnistie et travaillait dessus», glisse-t-il. Avant de poursuivre en ces termes : «Sa seule intention est de nuire à Pastef et à la population.»
La proposition de loi portant interprétation de la loi d’amnistie n°2024-09 du 13 mars 2024, portée par le député de Pastef Amadou Bâ, continue de soulever beaucoup de polémiques.
Ancien président du Groupe parlementaire Bby, El Hadji Oumar Youm déchire le texte : «On nous avait promis l’abrogation de la loi d’amnistie… En lieu et place, on nous sert une indigeste loi interprétative. Cette proposition de loi interprétant la loi d’amnistie du 13 mars 2024 n’est ni plus ni moins que l’aveu des crimes et délits commis par certains membres de Pastef durant les périodes incriminées. C’est l’aveu de la bêtise et du cynisme politique.» Pour lui, il s’agit évidemment d’une mesure prise pour protéger les militants de Pastef.
Le député de Pastef, Guy Marius Sagna, quant à lui, a salué cette initiative de son collègue député Amadou Bâ, tout en affirmant qu’il va faire des amendements de cette proposition de loi portant interprétation de la loi d’amnistie n°2024-09 du 13 mars 2024. «Pour rendre la future loi beaucoup plus intelligible et ne pas permettre à des criminels d’échapper à la Justice, je vais proposer un amendement afin que son article premier soit réécrit ainsi qu’il suit : les crimes de sang, les cas de torture et les traitements et autres peines cruels et dégradants sont exclus du champ d’application de la loi d’amnistie n°2024-09 du 13 mars 2024», déclarait-il hier dans Le Quotidien.
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