Le Président Macky Sall déclare ne pas s’accrocher au pouvoir et compte «passer le relais en douceur et en toute sérénité». Il dit militer pour «un processus inclusif, transparent et apaisé».Par Amadou MBODJI –

Le Président Macky Sall se défend  de tenter de s’accrocher au pouvoir en repoussant de dix mois le scrutin présidentiel, initialement prévu le 25 février, et repoussé jusqu’au 15 décembre prochain. Le Sénégal avait besoin de plus de temps pour résoudre un différend concernant la disqualification de certains candidats, informe le chef de l’Etat, tout en indiquant qu’il était prêt à quitter le pouvoir. Mais qu’il voulait d’abord, selon lui, s’assurer qu’il transmettrait un pays stable, à travers une interview accordée à Associated press.

«Je suis pour un processus inclusif, transparent et apaisé, qui me permette de passer le relais en douceur et en toute sérénité», a déclaré Macky Sall.

Si ses alliés jugent «sage» la décision de reporter l’élection présidentielle, ceux qui la rejettent situent leur crainte par rapport aux «antécédents du Président sénégalais» qui, d’après eux, «alimentent des soupçons de fraude».

Les organisations de défense des droits de l’Homme affirment que «sous sa Présidence, la démocratie a été mise à mal», en citant le cas «des rivaux politiques traduits en Justice et des manifestants qui ont été tués dans les rues».

Plus d’une douzaine de candidats de l’opposition ont déposé, plus tôt cette semaine, un recours auprès de la Cour suprême pour annuler le décret.

Le Conseil constitutionnel devrait se prononcer d’ici une semaine environ sur son accord ou pas avec les conclusions du Parlement. Mais le Président Sall n’a pas précisé s’il va accepter la décision du Tribunal si celui-ci rejetait le report.
«Il est trop tôt pour moi d’envisager cette perspective», a fait savoir le Président Macky Sall. Avant de poursuivre : «J’ai une réponse précise, le Conseil étant constitué, ce n’est pas à moi de donner un avis au Conseil. Vous savez, il y a une notion de séparation des pouvoirs, chacun doit rester dans son rang et ne pas gêner le travail des autres.»

Vendredi dernier, des centaines de manifestants sont descendus dans les rues pour protester contre le report de l’élection, brûlant des pneus, jetant des pierres et bloquant la circulation, tandis que les Forces de sécurité utilisaient du gaz lacrymogène pour les disperser.

Un étudiant a été tué sur le campus de l’Université Gaston Berger (Ugb) à la suite de manifestations à Saint-Louis, de même qu’un marchand à Dakar et un jeune à Ziguinchor.
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