Me Abdoulaye Tine était, avant-hier, l’invité des «Jeudis Citoyens» organisés par Convergence chrétienne et Raja. L’avocat, qui faisait une communication sur les thèmes de «la sécurité, la santé, la diaspora et l’émigration», a levé un pan de son programme pour le Sénégal. Le président du parti Union sociale libérale (Usl) pense que tout est priorité, mais il compte s’attaquer d’abord à l’Etat de Droit.

«Aujourd’hui, on peut dire que l’édifice est par terre. Il y a un effondrement de l’Etat de Droit sous Macky Sall. J’en suis témoin. Je l’ai amené devant la Cour (de justice) de la Cedeao, il a été condamné sur le plan international. Il n’a pas respecté la décision en disant que le Sénégal est souverain. Ziguinchor fait partie du Sénégal. On ne peut pas dire que le Sénégal est souverain par rapport au juge de Ziguinchor», a-t-il relevé.

Pour Me Abdoulaye Tine, «le problème que nous avons au Sénégal doit nous amener à bien regarder le parcours et la psychologie des aspirants à la Présidence».

Estimant que l’Etat de Droit n’est pas une question d’institutions, de lois et de règlements, mais est très utile, il promet de s’y employer dès son accession au pouvoir.

«La première des choses que je ferai, c’est de créer un juge des libertés et de la détention. Ici, il y a une banalisation, pour un oui ou pour un non, on vous prend, on vous amène au Tribunal. On vous met sous mandat de dépôt parce que tout simplement le procureur a décidé de vous mettre sous mandat de dépôt. Il faut que cela cesse», a-t-il promis.

Le candidat déclaré trouve que le procureur de la Répu­blique a trop de pouvoirs. «Il y a une toute-puissance du procureur alors qu’il n’est pas un magistrat indépendant  au sens  de la Convention des droits européens de l’Homme, parce qu’il est soumis au ministère de la Justice. Il n’a pas les garanties d’indépendance, mais c’est lui qui décide si on va vous déférer ou s’il va y avoir un retour de Parquet», a-t-il expliqué.

Selon lui, la question de la détention et de la liberté doit être confiée à un juge spécialisé. Ainsi, quand le procureur va demander la détention, l’avocat va s’opposer et le juge va statuer. «C’est une réforme qui ne peut pas attendre», fait remarquer le candidat déclaré.

Ayant bâti son programme autour de l’humain, Me Abdou­laye  Tine veut redonner à l’homme toute sa noblesse, car estimant qu’il a été oublié ces 12 dernières années au niveau des politiques publiques. «L’homme n’a pas été la priorité du pouvoir de Macky Sall», a déclaré le président de l’Usl, en prenant sur lui l’option de résoudre cette situation.

Pour ce faire, il promet d’assurer la sécurité sociale en généralisant la Couverture maladie universelle. «Pour moi, c’est de prendre les 10% du pétrole et de généraliser la couverture sanitaire. En plus de cela, nous allons couvrir le reste par une Tva aussi que nous allons créer sur certains produits, sur certains plans d’actions. Mais d’abord, nous envisageons de taxer les transactions financières internationales pour alimenter toujours, pour que l’Etat du Sénégal ne se retrouve pas avec des dettes», a expliqué Me Abdoulaye Tine. C’est pour que dans ce pays, personne ne puisse plus mourir pour non-accès à des soins de qualité.  Car, «si vous prenez les décès au Sénégal, 50% auraient pu être évités si on avait des structures qui sont au top niveau», a-t-il poursuivi.

Abdoulaye Tine promet aussi de réunir et de valoriser les compétences de la diaspora au service du développement économique du pays. «La diaspora sénégalaise est forte de 642 652 personnes, soit 3, 7% de la population sénégalaise. Ils envoient 2562 millions de dollars par année, l’équivalent de 10% de notre Pib. C’est une force, mais aujourd’hui on voit que ces personnes sont dehors. Selon les études des institutions internationales comme la Banque mondiale, si vous prenez des localités comme Mbacké et Touba, ils ont le niveau de pauvreté le moins élevé parce que tout simplement il y a des soutiens économiques qui viennent de l’extérieur. Ces personnes, il va falloir mobiliser leurs compétences et les mettre au service du développement du pays», a fait savoir le candidat à la candidature.
Par Justin GOMIS – justin@lequotidien.sn