Rapt d’enfants et terrorisme ont rythmé le sermon de Seydina Issa Laye, coordonnateur général de l’Appel de Seydina Limamou Laye ouvert hier à Cambérène et Ngor où des milliers de fidèles ont convergé.

La brise marine caresse leurs visages. Insouciants, non loin d’un égout, quelques talibés tendent la main sans retenir l’attention des milliers de fidèles layènes, occupés par le prêche du coordonnateur général de l’Appel de Seydina Limamou Laye à la cérémonie d’ouverture de la 138ème édition de cet évènement religieux à Cambérène. Sous la tente qui résiste tant bien que mal à la forte température, Seydina Issa Laye alerte sur les conséquences des enfants de la rue. «Dans 10 ans, si l’on n’y prend garde, les enfants de la rue vont plonger le Sénégal dans le chaos», prévient-il devant le pupitre.
Depuis quelque temps, la société s’émeut des rapts d’enfants. Dans les rangs des fidèles agglutinés devant le mausolée de Seydina Issa Rohou Laye, premier khalife de Limamou Laye, la catégorie juvénile tend l’oreille. Une vue lointaine ne permet pas de cerner le magma humain de blanc vêtu. «Les rapts d’enfants ne constituent pas un débat. Ce n’est pas nouveau au Sénégal. Le plus dangereux, c’est le nombre d’enfants trouvés chaque matin dans les rues. Ce sont des laissés pour compte. S’ils grandissent dans les rues, ce sera un désastre pour ce pays. Je ne vois pas ce qui pourrait les contrer», avertit le fils aîné du khalife général des Layènes.

«Les daaras sont des proies faciles pour le terrorisme»
Seulement, le salut des enfants de la rue pourrait passer, selon le marabout, par l’Etat, mais surtout par les foyers religieux. «Les terroristes font le tour du monde pour opérer un lavage de cerveau aux innocents. Les daaras sont des proies faciles pour le terrorisme. Des enfants, réunis dans une maison en chantier ou abandonnée, sont exploités par des hommes sans aucune valeur», déplore-t-il.
Au-delà de ce fait de société, le phénomène pose également un problème de sécurité. Par conséquent, Seydina Issa Laye appelle les Sénégalais à jalousement préserver la paix sociale. «S’il y a de l’insécurité, les programmes éducatifs, sanitaires et infrastructurels passent au second plan. Le budget sera ainsi consacré en grande partie à l’aspect sécuritaire. Raison pour laquelle la paix est primordiale dans tout», souligne-t-il, rappelant que «le Sénégal est un îlot de stabilité dans un océan d’instabilité».
D’après lui, les confréries et l’Eglise constituent des remparts à l’entrée des terroristes. «La paix que nous avons est recherchée partout aujourd’hui dans le monde. Les promoteurs de l’instabilité cherchent par tous les moyens la paix. Les terroristes veulent détruire nos relations basées sur la tolérance et l’ouverture. Refusez !», invite-t-il rageusement à l’endroit des fidèles.
Dans l’après-midi, les Layènes ont convergé vers Ngor. Dans cette localité qui abrite la grotte où le «Mahdi» a séjourné pendant 1 000 ans, l’imam Mame Libasse Laye a également regretté les rapts d’enfants et la montée de l’enrichissement illicite.
Ce matin, l’Appel proprement dit sera commémoré à Yoff sous le thème «L’islam, religion d’équilibre et du juste milieu», devant le mausolée de Seydina Limamou Laye. La cérémonie officielle est prévue à 16h.

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