En écrivant ce papier, il m’est venu à l’esprit cette pensée de Jacques Attali qui disait que : «Le pouvoir politique donne à celui qui y accède l’illusion de disposer quelque chose comme un gage d’éternité : insouciance, impunité, flagornerie, tout concourt à laisser l’homme de pouvoir se croire affranchi des contraintes de l’humain, donc de la loi et de la morale.»
Ces propos de Jacques Attali reflètent les comportements autoritaires qu’avait Yaya Jammeh pendant les vingt-deux ans de règne sans partage d’un régime bâti autour de plusieurs actes que sont : les privations des libertés individuelles, une justice instrumentalisée, une presse aphone, devant un Peuple violenté et victime de tueries les plus ignobles et les plus barbares.
Une seule personne qui fait et défait des lois au gré de ses humeurs avec une seule ethnie, une seule bande de tyrans qui ont géré la Gambie d’une gestion solitaire face à un Peuple déboussolé, appauvri et martyrisé.
Avec l’accession du Président Adama Barrow à la magistrature suprême, une nouvelle démocratie va s’ouvrir dans ce pays frère. Sa première sortie officielle au Sénégal réconforte les relations bilatérales sénégalo- gambiennes.
Deux pays, un seul Peuple, uni par des liens historiques et cela s’est témoigné suite à la période post-électorale qui a vu notre pays accueillir des milliers de Gambiens. Une Gambie qui bascule dans le chaos n’épargnera pas le Sénégal, son voisin le plus proche.
Face à cette situation, les deux pays ont intérêt à faire un retoilettage de leurs relations, qui devront se bâtir autour du triptyque : diplomatie, économie et social. L’idée d’une confédération ne fait pas l’affaire, puisque l’expérience a avorté sous le règne du Président Diawara, suite à la tentative du coup d’Etat de Kukoy Samba Sagna, pour reprendre les propos de l’excellent ministre Abdoulaye Makhtar Diop.
La véritable prise de conscience de ce nouveau partenariat passe par des rencontres périodiques entre gouvernements, accompagnés de leur secteur public et privé respectif.
Le dénouement de la crise en Gambie ne peut se faire sans le soutien remarquable du Président sénégalais Macky Sall, des pays de la Cedeao, de la presse mais aussi et surtout des chefs religieux qui, à travers des canaux officieux, ont apporté leurs contributions au prix de mille sacrifices. L‘exemple du passage du Président Barrow à Touba, Tivaouane, Louga et à Medina Baye, en est une parfaite illustration.
Dans la reconstruction de ce pays frère, nous conseillons au Président Adama Barrow, par l’intermédiaire de son ambassadeur à Dakar, de :
Réunir tous les Gambiens de l’intérieur comme de la diaspora, pour conjuguer leurs idées et leurs efforts dans le souci de bâtir un Etat fort.
Créer les conditions de création d’une presse plurielle, indépendante et objective.
Restaurer la démocratie et l’Etat de droit.
Avoir des partis d’opposition crédibles et engagés.
Renforcer les moyens et l’expertise de la Société civile.
Assainir les finances publiques.
Créer des conditions d’accès à l’emploi pour les jeunes Gambiens qui empruntent chaque jour le chemin de l’exil (Barça, Libye, Maroc, …).
Ouvrir des instituts de formation et des universités publiques de grande envergure.
Créer une justice forte et équitable.
Créer les conditions de création de partis politiques.
Moderniser l’Administration.
Faire appel aux investisseurs internationaux.
Réhabiliter les relations diplomatiques avec les pays africains et du monde entier.
Voilà ma modeste contribution, mes plus que frères, les vœux que nous formulons dans le souci de voir une Gambie prospère et une Afrique unie.
Bassirou NDIAYE
Enseignant à Kaolack
benasrou99@gmail.com