Devenus un temps des adversaires politiques, les deux anciens présidents du Sénégal, à savoir Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, ont offert à l’actuelle génération une leçon à savoir que les hommes politiques ne sont pas des «ennemis» mais des adversaires. S’exprimant sur la tension politique née du report de l’élection présidentielle, les deux hommes d’Etat ont mis en garde le Président Macky Sall et les opposants en disant qu’ils n’ont pas le droit de faire moins qu’eux.Par Amadou MBODJI –

Farouches adversaires lorsque l’un, à savoir Abdou Diouf, était au pouvoir et Abdoulaye Wade dans l’opposition, les deux hommes d’Etat ont fait prévaloir leur casquette d’ancien président de la République pour s’exprimer sur la situation politique du Sénégal. Laquelle situation politique marquée par une tension consécutive au report de l’élection présidentielle décidé par le Président Macky Sall et entériné par l’Assemblée nationale.
«C’est avec beaucoup tristesse que nous vivons les récents événements, qui secouent notre  cher Sénégal et qui viennent d’emporter trois de nos jeunes compatriotes. Nous présentons nos plus sincères condoléances à leurs familles et à leurs proches», ont soutenu les présidents Abdoulaye Wade et Abdou Diouf dans une déclaration commune signée par eux-mêmes.

Ces deux anciens chefs d’Etat ont fait la leçon aux acteurs politiques plus portés à faire parler leur égo que de privilégier le dialogue avec leurs vis-à-vis. A ces derniers, les deux chefs d’Etat de leur montrer la voie à suivre en s’offrant en exemples. «Nous nous adressons à vous en tant qu’anciens présidents de la République du Sénégal, pères de la démocratie sénégalaise obtenue de haute lutte, mais aussi anciens irréductibles adversaires politiques, qui se sont vigoureusement opposés par le passé. Nous avons su discuter et dialoguer de l’intérêt du Sénégal pour mettre un terme à nos différends et aux crises politiques, et cela dans le seul but de préserver la paix. Vous n’avez pas le droit de faire moins que nous», font savoir les présidents Diouf et Wade.  Un appel est lancé à la jeunesse de faire profil bas en ne versant pas dans la violence.

«Nous  appelons notre jeunesse dont nous comprenons les frustrations à arrêter immédiatement les violences et la destruction de biens, et surtout à prendre recul pour ne pas être manipulée par des forces extérieures aux  desseins obscurs», avancent-ils. Ainsi les deux anciens présidents livrent le contenu de leur discussion avec le Président Macky Sall. «Nous venons de nous entretenir longuement au téléphone avec le président de la République, Monsieur Macky Sall, qui nous a réaffirmé son  engagement, pris devant la Nation le  3 juillet dernier, de  ne pas briguer un troisième mandat  et de quitter  le pouvoir aussitôt  après l’élection présidentielle. Il a pris l’engagement de ne ménager aucun effort pour préserver la stabilité du Sénégal, nous lui avons  demandé d’organiser dans les plus  brefs  délais, le dialogue national qu’il a annoncé et qui, comme nous  le souhaitons ardemment, devra déboucher  sur une large réconciliation nationale dans le respect de la Constitution et de l’Etat de Droit», font-ils savoir. Un échange confirmé par le Président Macky Sall à des sources qui l’ont contacté. Ainsi, ses deux prédécesseurs disent être en phase avec la tenue d’un dialogue des acteurs politiques pour arrondir les angles.
«Nous appelons l’ensemble des dirigeants politiques, du pouvoir et de l’opposition ainsi que les responsables de la Société civile, à participer à des discussions franches et loyales, afin que la prochaine élection présidentielle du 15 décembre 2024 soit tenue dans des conditions parfaitement transparentes, inclusives et incontestables. Ils ont le devoir de garantir que notre Sénégal restera le modèle de démocratie pour l’Afrique. L’histoire les jugera.» Tel est le message des deux anciens présidents du Sénégal aux acteurs politiques.
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