Un dimanche sanglant, un dimanche d’agressions et de violence. C’est le menu que nous a servi la lutte avec frappe lors du combat Pape Sow-Siteu, finalement annulé. Une mauvaise image du «sport de chez nous» qui en a pris un sacré coup.Par Hyacinthe DIANDY

– Bira Sène a dû se rendre à l’évidence que le chemin qui mène vers une vraie professionnalisation de la lutte avec frappe est encore très long et parsemé d’embûches. Le nouveau patron du Cng, successeur du Dr Alioune Sarr depuis novembre 2020, ne s’imaginait sûrement pas que les mauvaises habitudes et dérives qui minent le milieu de la lutte restent tenaces et difficiles à gommer.
Justement, ce qui s’est passé ce dimanche 5 décembre 2021 à l’Arène nationale est à ajouter dans ce lot de dérives qui ont fini de mettre à terre ce sport tant chéri par nos anciennes gloires de la lutte.
Déjà le tableau a fini de s’assombrir suite à des «face2face» qui se sont souvent terminés en queue de poisson avec de la violence à tout va. A côté de ça, on a pu constater avec regret et incompréhension, le saccage des chaises des tribunes. Pire, malgré les menaces et sanctions surtout financières du Cng, les dérives ont continué, caractérisées par l’arrogance et l’inculture de leurs auteurs.
Mais ce dimanche à Pikine, le comble a été atteint lors du combat Pape Sow-Siteu, finalement acté par le promoteur Pape Abdou Fall… deux ans après.
Pourtant tout était bien parti pour une belle fête ; avec un stade plein comme un œuf, une ambiance jamais connue et des lutteurs déterminés à en découdre. Mais c’était sans compter avec ces vieux démons qui continuent de roder autour de l’Arène, en infiltrant les différents acteurs.
«Avant le combat, j’ai entendu le promoteur, Pape Abdou Fall, et le lutteur, Gris Bor­deaux, faire des analyses hâtives en se félicitant d’emblée d’une victoire de la lutte, prenant prétexte du décor et de l’ambiance. Mais je me suis dit : attention c’est très tôt de jubiler car les vieux démons sont toujours parmi nous. Et les faits m’ont donné raison», nous souffle avec amertume, cette ancienne gloire.

Aucune décision forte ni du Cng ni du ministère ; que du «layam-layam» !
Et ce qui est déplorable, c’est que tout a basculé à quelques minutes seulement du début du combat. On connaît la suite, avec cette agression barbare d’un batteur de Siteu sur Pape Sow. Le lutteur des Parcelles Assainies, atteint en pleine figure, ayant été contraint d’abandonner suite à une décision médicale, au grand dam des nombreux amateurs qui avaient fait le déplacement.
Et bonjour les dégâts : avec les chaises des tribunes qui ont encore pris leur dose, sous les yeux du président du Cng et du ministre des Sports, Matar Bâ. Le tout rythmé par des agressions hors de l’Arène.
Invité dans la soirée du dimanche à la 2Stv, Bira Sène a promis de prendre des sanctions. On veut bien le croire, mais à vrai dire on ne s’attend pas à des décisions «fortes» venant de lui ou du ministre des Sports. Au contraire, on a souvent droit à du «layam-layam» pour reprendre une expression en vogue.
Car apparemment la lutte avec frappe -à l’image des Navétanes- a fini de prendre en otage le sport sénégalais. Aujourd’hui, au lieu de tout arrêter pour marquer le coup, on va plutôt brandir des sanctions ou blocage des reliquats comme saupoudrage. Et pour après disserter, sous l’ombre du Baobab, sur le prochain combat entre Boy Niang 2 et Tapha Ti­ne, prévu dans deux semaines.
Entre agressions, saccage des tribunes, violation du règlement (cas du lutteur Franc qui assiste Papa Sow alors qu’ils ne sont pas dans la même écurie), on aura tout vu ce dimanche à Pikine. Aujourd’hui, avec la plainte annoncée de Papa Sow, la lutte va sortir de l’Arène pour aller atterrir au niveau du Tribunal. Quelle belle publicité du «sport de chez nous» !
hdiandy@lequotidien.sn