En concurrence avec le foot, la lutte avec frappe est considérée comme la «reine» des disciplines sportives au Sénégal. Mais depuis quelques années, elle a perdu sa couronne ; ce qui est corroboré par la pire des saisons que vivent présentement les amateurs du «sport de chez nous». Décryptage.Par Hyacinthe DIANDY – 

«J’étais abattu quand j’ai entendu le report du combat.» Ces propos sont de Eumeu Sène, déçu à l’annonce du report de son combat contre Balla Gaye 2. Le «Tay Shin­ger» ayant révélé qu’en aucun moment, il n’a pensé à un report de son duel tant attendu avec le Lion de Guédiawaye qu’il a déjà battu deux fois.
Le manager du fils de feu Double Less a expliqué, à Lutte Tv, les raisons du report : «Balla Gaye 2 est actuellement malade et je l’ai amené hier chez le médecin qui lui a prescrit une ordonnance avant de me faire une décharge que j’ai remise au Cng. Le médecin a été très clair, Balla doit se reposer et ne doit faire aucune activité physique pendant au moins deux semaines. Donc son combat contre Eumeu Sène ne se tiendra pas.» Une décision qui a été confirmée par le Cng de lutte. Initialement prévu ce 30 juillet, ce choc, entre deux adversaires qui se connaissent bien, est donc officiellement reporté à la saison prochaine.
Mais le malheur des amateurs ne s’est pas arrêté là. Car juste après, ils ont appris l’annonce d’un autre report. Il s’agit du combat Gris Bordeaux-Ama Baldé, qui était calé pour le 9 juillet prochain. Mais cette fois-ci, il ne s’agit pas d’une maladie, mais d’une blessure au coude du 3e Tigre de Fass.
Pour la petite histoire, cette affiche entre Pikine et Fass devait se tenir le 5 février dernier, avant qu’elle ne soit reportée à cause de la blessure de Ama Baldé. Et cette fois-ci, c’est au tour de Gris Bordeaux de passer à l’infirmerie, différant du coup son combat avec le fils de feu Falaye Baldé.
Et comme si la lutte était en «mode annulation», cette fois, ce ne sont pas les Vip, mais les espoirs qui ont eu leur dose, avec l’affiche Mor Kang Kang-Youssou Ndour qui a été annulée, au plus grand désarroi du promoteur, à quelques jours de sa tenue. Pire, ce dernier avance des «motifs inconnus» avant de s’en prendre au Cng qui ne lui a servi aucune explication. «On m’a appelé pour me dire de venir au Cng. J’y suis allé et on m’a annoncé que le combat était annulé sans explications», s’est plaint Ibou Laye, à LutteTv.

Une fin de saison sans «grands combats»
A ces trois reports, il faut y ajouter la polémique entre le président du Cng, Bira Sène, et le Dtn de la lutte, Abdou Badji. Ce dernier ayant déploré le fait que les lutteurs sans frappe, qui participaient au Tournoi de Singapour, n’avaient aucune idée du règlement de cette compétition. Avant que le président Sène ne monte au créneau pour le démentir.
Avec une telle ambiance délétère, rythmée par des reports, des querelles, sans oublier les saccages répétés de l’Arène nationale, il y a lieu de s’inquiéter sur l’état de la lutte au Sénégal qui est en train de battre le record des «saisons blanches», chez les Vip. Mettant dans l’embarras les promoteurs, tous essoufflés financièrement et grands perdants de cette saison catastrophique. A l’image du fils de Gaston Mbengue, obligé de reporter à l’année prochaine ses deux grosses affiches.
Une situation que Makane Mbengue comprend : «Le sport et la blessure cohabitent. Balla Gaye 2 et Gris Bordeaux ne sont pas les premiers et ne seront certainement pas les derniers à avoir des blessures. On rend grâce à Dieu car il est au contrôle de tout et c’est comme ça que le Tout-Puissant a voulu les choses. On prie qu’ils se soignent, se rétablissent en paix et qu’ils nous reviennent en force.»
Le Cng, qui est à 3 mois de la fin de son mandat -prolongé en janvier dernier-, aurait sûrement voulu le boucler de la plus belle des manières. Une fin de saison finalement sans «grands combats» et aussi pleine d’incertitudes, suite à l’arrêt des activités de la lutte à cause des manifestations de début juin. Bira Sène dit être à l’écoute des autorités en vue d’une levée de cette suspension qui, par ail­leurs, ne concerne plus les autres disciplines (foot, basket) qui ont repris leurs compétitions.
Qui disait que la lutte est la «reine» des disciplines ? En tout cas, sa couronne ne tient plus !
hdiandy@lequotidien.sn