Il va falloir que les fédérations s’habituent aux «lettres-polémique» de la ministre en charge des Sports. Après l’affaire Aliou Cissé, aujourd’hui c’est une autre «lettre-bombe» qui tombe en pleine saison sur la tête des responsables de clubs. Détails. Par Hyacinthe DIANDY – 

Décidément, il va falloir s’habituer aux «lettres-surprise» de la ministre des Sports qui tombent comme un cheveu dans la soupe à chaque fois. On a en mémoire cette correspondance envoyée, en juillet 2024, juste la veille (un vendredi vers 19h) de la tenue de l’Assemblée générale ordinaire de la Fédération sénégalaise de football (Fsf), où la ministre demandait aux fédéraux de reporter ces assises. Un manque d’élégance que l’instance dirigeante, soucieuse d’éviter toute brouille avec sa tutelle, avait accepté diplomatiquement, avec comme conséquences des pertes financières importantes liées à l’organisation. Il y a aussi cette autre correspondance où la nouvelle patronne du sport sénégalais demandait des comptes à la Fsf sur la gestion des deux dernières Can ; on connaît la suite.

En octobre dernier, Mme Khady Diène Gaye s’est signalée encore par une «lettre confidentielle» envoyée à la Fsf pour acter sa décision de ne pas renouveler le contrat de Aliou Cissé, ex-coach des Lions.

En tant que tutelle et payeur, c’est son droit. Mais là aussi, comme lors du report de l’Ag ordinaire, il y avait un sérieux problème de timing, si on sait que le match aller des Lions contre le Malawi, devait se jouer dans moins de 10 jours. Fallait-il du coup attendre ce moment précis pour officialiser une telle décision, surtout si l’on sait que depuis des mois, la Fsf lui avait adressé la demande de prolongation du sélectionneur ? Fallait-il attendre que Aliou Cissé prépare «sa» liste, pour après lui dire tu n’es plus le sélectionneur ?

Une lettre-bombe qui tombe en pleine saison
Mais apparemment du côté de la Cité Keur Gorgui, on s’est pressé… lentement. Avec comme conséquence une sortie humiliante de «El Tactico» qui méritait un meilleur sort, pour avoir donné au foot sénégalais sa première Can. Aujourd’hui, c’est une autre lettre de la patronne du sport sénégalais qui fait polémique. Celle datée du 7 février 2025, envoyée à la Fédération sénégalaise de football. Dans sa correspondance, Khady Diène Gaye lâche une nouvelle bombe qui annonce que les clubs sénégalais qualifiés pour la Ligue des Champions africaine et la Coupe Caf devront compter sur leurs propres moyens. L’Etat qui subventionnait jusque-là ces clubs, informe de son désengagement (austérité oblige) concernant les compétitions africaines interclubs. La tutelle de préciser qu’«au regard des nouvelles orientations relatives à la gestion des compétitions internationales, les ressources budgétaires seront exclusivement dédiées à la prise en charge de nos différentes équipes nationales».

Un problème de timing, d’opportunité
Une décision qui pose encore un problème de timing car intervenant en pleine saison et qui tombe sur la tête des pauvres responsables de clubs, déjà asphyxiés financièrement. Il y aussi cette brutalité d’une annonce, avec effet immédiat, concernant les compétitions interclubs.

En clair, aujourd’hui, si le Jaraaf avait la chance de poursuivre son aventure en Coupe Caf, il serait fortement impacté. D’où la question : quelle est l’urgence de prendre une décision qui pouvait se faire sur la base d’une concertation. Et qui même pouvait être différée à court terme le temps de préparer les clubs à une telle situation ?

L’Etat ne propose rien, même pas une solution pour convaincre les sociétés nationales d’aider les clubs
D’ailleurs, il faut noter que le ministère des Sports s’était déjà désengagé concernant la gestion des sélections de petites catégories. La Fédération sénégalaise de football ne dira pas le contraire. Et aujourd’hui, c’est comme si la tutelle disait aux clubs : débrouillez-vous ou aller faire le pied de grue devant le siège de la Fédé foot. Même si d’autres fédérations sportives, comme le basket, le handball et le volley, ont aussi reçu la même lettre, il est évident que les dirigeants de clubs, déjà sans assistance financière de l’Etat au niveau du foot professionnel, seront les plus impactés. Et pire, en échange l’Etat ne propose rien, même pas une solution pour convaincre les sociétés nationales d’aider les clubs. Le président du Jaraaf, Cheikh Seck, qui, pour un problème de moyens, ironisait en disant qu’il ne souhaite plus se qualifier en Coupe d’Afrique des clubs, est donc bien servi avec cette nouvelle décision de la tutelle. A la prochaine lettre-polémique !
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