Le staff technique de l’équipe féminine de football de Dakar Sacré-Cœur a été remercié. Une décision qui fait désordre pour une équipe qui a fini de dominer le championnat et qui s’apprête à monter sur la scène africaine. Seul club sénégalais éligible pour le moment, avec le Casa Sports, suite à la décision de la Caf, l’équipe sicapoise n’avait vraiment pas besoin d’une telle crise, qui tombe au mauvais moment. Par Hyacinthe DIANDY –

Dans le souci de promouvoir davantage le foot féminin, la Caf a décidé, dernièrement, d’exiger une équipe féminine pour les clubs engagés dans les compétitions africaines. Une nouvelle réglementation assez embarrassante pour les clubs sénégalais dont la plupart ne remplissent pas cette condition. D’ailleurs, Génération Foot, actuellement leader du championnat et bien placée pour retrouver l’Afrique, est dans la même situation. D’où un plan B que les dirigeants de l’équipe de Déni Birame Ndao sont en train de concocter. Aujourd’hui, seuls le Casa Sports et Dakar Sacré-Cœur sont éligibles car disposant d’une équipe féminine de foot. Des acquis à pérenniser.
Mais avec la crise qui couve actuellement au sein de l’équipe féminine du club de Mathieu Chupin, il y a de quoi s’inquiéter.

Que s’est-il passé ? Dans un communiqué, Dakar Sacré-Cœur (Dsc) a annoncé en début de semaine le limogeage de tout le staff technique de son équipe féminine de football.

«Le club Dakar Sacré- Cœur tient à vous annoncer l’arrêt de sa collaboration à compter de ce jour, le 10 juillet 2023, avec les personnes suivantes : Mme Aïssatou Seck (coordonnatrice du pôle féminin et entraîneuse de l’équipe pro féminine), Mme Yaye Sokhna Mbengue (entraîneuse adjointe féminine) et Mme Oulèye Dièye (entraîneuse des gardiennes de but)», a informé la formation sicapoise.

Sur les raisons d’une telle décision, sans pour autant entrer dans les détails, Dsc de rappeler que le club «est engagé autour d’un socle de valeurs à la fois universelles et sénégalaises. A travers une pratique sportive saine, nous souhaitons favoriser le vivre et agir ensemble, l’éducation, l’engagement et le respect de l’environnement. L’atteinte de résultats sportifs ne peut se faire aux dépens de ces objectifs et du respect de l’institution».

Quand on limoge tout un staff technique, forcément ça impacte le groupe
Aussitôt après ce communiqué, les intéressées ont annoncé un point de presse, qui s’est tenu mardi. Et c’est au cours de ce face-à-face avec les journalistes que les vraies raisons de leur limogeage ont été révélées. En fait, on leur reproche de s’adonner à des «pratiques mystiques».

Nous n’allons pas revenir sur la gravité des faits qui, il est vrai, méritent sanctions car interdits par les règles qui régissent notre football, de même que toute autre discipline. Mais on est en droit de se poser des questions sur la démarche des dirigeants de Dsc, marquée par un licenciement via un communiqué. Pire, les sanctionnées reprochent à leur direction de les avoir licenciées sans les entendre. La décision ayant été prise par le patron de Dsc, hors du pays. Ce dernier s’étant contenté de preuves-vidéo.

Le geste classe de l’entraîneuse titulaire
Les techniciennes qui ont été sanctionnés sont-elles des récidivistes ? C’est l’autre question qui mérite d’être posée au vu de la sévérité de la décision. Pour le moment, pas de réponses à ces questions.

Il faut cependant saluer l’attitude de l’entraîneuse titulaire, Mme Aïssatou Seck. Cette dernière, qui n’était pas concernée, ayant refusé, par devoir de loyauté, de continuer sur le banc sans ses deux collaboratrices, Mme Yaye Sokhna Mben­gue et Mme Oulèye Dièye.
En attendant sûrement d’autres développements ou éclairages qui pourraient suivre, nous préférons faire focus sur les conséquences de la décision de la direction de Dsc.

Un gâchis pour le foot local et l’Afrique
Des conséquences surtout sportives pour une équipe qui a fini de mettre la main sur le championnat, qualifiée pour les demi-finales de la Coupe du Sénégal et qui va disputer prochainement la Ligue africaine des Champions. Forcément donc, les prochaines prestations de l’équipe vont en pâtir car il est évident que pour toute équipe qui perd tout son staff, ça pèse, surtout au niveau mental.

L’autre conséquence, c’est au niveau local. En effet, au moment où la Caf exige aux clubs engagés en compétitions africaines une équipe féminine, voir celle de Dsc dans des difficultés, ça fait désordre.

Du coup, deux possibilités s’offrent à la direction de Dsc : soit revenir sur sa décision en remettant sur le banc son staff technique, soit trouver un plan B. Ce qui serait un gâchis, car il est sûr que ce trio de techniciennes, qui a fait ses preuves, sera vite récupéré par les clubs qui ambitionnent de monter une équipe féminine.

D’où la question : où sont les médiateurs ?
hdiandy@lequotidien.sn