En «l’absence» du président de la Caf, Gianni Infantino dirige à sa guise le football africain, en prenant des décisions favorables surtout aux clubs européens. A l’image du dernier acte posé par le président de la Fifa, avec une nouvelle date annoncée, le 15 décembre, pour la libération des joueurs pour la Can 2025, au détriment des sélectionneurs qui voient leur programme de préparation totalement chamboulé.

Par Hyacinthe DIANDY – «Ce qui est déplorable, c’est que la Fifa avait déjà sa date (le 15 décembre). Du coup, elle pouvait avertir à temps les sélectionneurs au lieu d’attendre que ces derniers peaufinent leur plan de préparation pour après tout chambouler. Ce n’est pas élégant.» Ce coup de gueule d’un observateur averti traduit la «ruse» du président Gianni Infantino, qui s’est bien joué des pays qualifiés pour la Can. En effet, en décidant de repousser la date de libération des «Canistes» au 15 décembre, le président de la Fifa rejoint le souhait des clubs européens, au détriment des sélectionneurs obligés et contraints de tout annuler.

Une confusion de dates volontairement créée
Mais l’autre ruse du patron du foot mondial est qu’avant même qu’il ne dévoile sa «date cachée», certains clubs européens avaient déjà l’info. Ce qui les a poussés à prendre position concernant le départ de leurs joueurs pour la Can. A l’image du Paris Fc, club de Ligue 1 française. «Le Paris Fc a déjà expliqué qu’il ne libérerait aucun joueur avant le 14 décembre. Les Algériens Keb­bal et Chergui sont concernés, tout comme le Malien Camara, le Nigérian Moses Simon et l’Ivoirien Krasso. Le club a déjà appelé les fédérations et les différents sélectionneurs pour annoncer cette décision», ont rapporté nos confrères de Rmc Sport (voir notre édition de lundi dernier).

Sky Sports : «La Fifa aurait discrètement autorisé les clubs à conserver leurs joueurs jusqu’au 15 décembre»
Avec la «touche» des médias européens, une confusion autour de la date de libération (le 8 ou le 15 décembre) a d’ailleurs été volontairement entretenue. En effet, des sources parallèles en Angleterre, notamment Sky Sports, avaient rapporté que la Fifa aurait discrètement autorisé les clubs à conserver leurs joueurs africains jusqu’au 15 décembre, soit seulement à moins d’une semaine du match d’ouverture de la Can. Comme explication, cette dérogation devrait atténuer l’impact pour les clubs de Premier League, alors qu’ils affrontent le mois le plus intense de la saison.

Pour le Sénégal, ni match d’adieu ni camp d’entraînement
Evidemment, une telle décision, qui ne laisse qu’une petite semaine aux sélectionneurs pour finaliser leur plan de travail, a de grosses conséquences. Pour le cas du Sénégal, par exemple, son staff technique est obligé de faire une croix sur le «match d’adieu» du 13 décembre à Diamniadio contre la Zambie, comme d’ailleurs leur camp d’entraînement qui était prévu en Tunisie.
L’autre conséquence est liée à la cérémonie de remise du drapeau national qui est calée pour le 12 décembre. Si cette date est confirmée, seuls les «Saou­diens» Mané, Koulibaly et Men­dy seront, entre autres, dis­­ponibles, peut-être avec quelques blessés sortis de l’infirmerie.

Le forcing des clubs européens a payé
Les pays devant être au Maroc 5 jours avant, donc le seul regroupement des hommes de Pape Thiaw, après le 15 décembre, ce sera pour rejoindre Tanger. Avant de débuter le 23 décembre contre le Botswana.
Mais il faut reconnaître à l’arrivée que le forcing des clubs européens a payé dans ce con­texte de Can où plusieurs sélections africaines se heurtent à la réticence de ces cadors à libérer leurs internationaux dans les délais fixés. Entre Manchester City, Paris Fc et les fédérations africaines, la tension est montée ces derniers jours. Le club de Pep Guardiola ayant multiplié les discussions avec plusieurs fédérations.

Une Caf sans pilote
L’Egypte, qui attendait Omar Marmoush pour lancer sa préparation dès le 8 décembre, faisait face à City qui, prétextant un calendrier chargé, souhaitait conserver l’attaquant jusqu’au 14 décembre. Même situation pour Rayan Aït-Nouri. Guardiola allant même jusqu’à demander à la Fédé algérienne de le garder jusqu’au… 17 décembre, soit quatre jours avant le coup d’envoi de la Can. L’Algérie avait finalement accepté un compromis.
Aujourd’hui, avec la date limite du 15 décembre, tout le monde est fixé. Avec au bout cette grosse responsabilité de la Fifa qui a tout chamboulé depuis son Mondial des clubs de l’été dernier, occasionnant un chevauchement de la Can avec les championnats européens. Avec toutes les conséquences que nous connaissons aujourd’hui.
Normal, quand en face il y a une Caf sans pilote…
hdiandy@lequotdien.sn