Pour sa première sortie comme candidat à la présidence de la Caf, Me Augustin Senghor a été d’attaque dans sa déclaration liminaire. Le président de la Fédération sénégalaise s’est voulu offensif dans sa communication par une confiance en soi et en parlant de ses ambitions dans cette rude bataille qui mène vers le fauteuil présidentiel de l’instance dirigeante du foot africain. Décryptage.Rien n’a été négligé lors du point de presse de Augustin Senghor, lundi dernier, annonçant sa candidature pour la présidence de la Caf.

Entre le lieu choisi, tout à fait symbolique du siège de la Fédération sénégalaise de football, et le décor meublé par une affiche à son effigie et où on pouvait lire : «Ensem­ble pour un football africain uni, plus performant et plus attractif», Me Senghor a tout calé et même bien calé.

Un discours fédérateur, pour jouer collectif !
Qu’en est-il du contenu de sa déclaration liminaire ? Justement, commençons par ce premier message, son credo qui dit : «Ensemble pour un football africain uni, plus performant et plus attractif.» Des propos fédérateurs et qui renseignent sur la volonté du patron du foot sénégalais de jouer en équipe, de jouer collectif.
«Dans les prochaines semaines, vous pourrez prendre connaissance des principaux axes de mon programme ambitieux et innovant pour la Caf qui s’articule sur le credo : «Ensemble pour un football africain uni, plus performant et plus attractif.» Car c’est de tout cela que manque, à mon humble avis, notre organisation. Par «Ensemble», j’entends des dirigeants, acteurs et animateurs africains, mais également les partenaires, en particulier la Fifa, instance faîtière football mondial qui, sous le magistère du président Gianni Infantino, a fait de l’Afrique une priorité dans la déclinaison de ses différents programmes de développement du football à travers le monde. Rien ne sera négligé pour qu’en mars prochain, à Rabat, la Caf puisse reprendre un nouvel élan avec une nouvelle équipe motivée, compétente et volontariste autour de ma personne», soutient-il.
On a senti chez l’homme une «confiance en soi»
Mais il est vrai que pour mener une bataille aussi titanesque, il faut d’abord avoir confiance en soi. Et c’est ce qui transpire dans les propos de celui qui veut diriger le football africain.
«J’ai finalement décidé de me porter candidat à la présidence de la Caf avec la ferme conviction que je suis en mesure de répondre aux fortes attentes placées en moi. Au niveau personnel, il m’est apparu clairement que dans ces moments difficiles que la Caf a traversés ces dernières années, la responsabilité ne saurait être exclusivement imputée à ceux qui ont été investis de la mission de gouverner après avoir exprimé leur ambition légitime. Elle incombe aussi à tous ceux qui comme moi, pour une raison ou une autre, n’ont pas pu apporter les changements avec une contribution qui aurait pu être décisive pour la victoire de l’Afrique du football sur elle-même et pour elle-même. Après une profonde remise en cause entamée à partir de 2017, après le départ du président Issa Hayatou et l’élection du président Ahmad à la tête de la Caf, fort de mes compétences, de mon expérience et de mon engagement, mais plus que jamais armé de principes et de valeurs éthiques, j’ai décidé d’aller résolument sur le terrain où les différences positives et qualitatives se font en ayant la ferme résolution d’être de ceux par qui les grands bonds du football s’effectueront. Mieux, j’ai décidé d’enfiler le manteau du leadership indispensable pour toute l’équipe qui se veut performante dans la durée. Mes pairs ont considéré que j’étais l’homme de la situation, aussi bien pour gagner les élections que pour pouvoir continuer le redressement de la Caf qui est en cours et qui est loin d’être achevé. Rien ne sera négligé pour qu’en mars prochain, à Rabat, la Caf puisse reprendre un nouvel élan avec une nouvelle équipe motivée, compétente et volontariste autour de ma personne», a promis Me Senghor, par ailleurs président de l’Us Gorée.
Complicité et respect aux deux autres candidats de l’Afrique de l’Ouest
Un discours offensif, un discours d’attaque comme pour lancer un avertissement à ses autres adversaires. Justement ils sont cinq dont trois de la Zone Ouest. «Sur les cinq, les trois sont originaires de l’Afrique de l’Ouest. Ce sont des voisins, je dirais même des frères pour certains. Je cite Jacques Anouma, on a ensemble cheminé. C’est notre aîné. Il a décidé d’y aller. L’autre (président de la Fédé mauritanienne), c’est un jeune frère. J’ai été mandaté par la Fifa ou la Caf pour superviser ses élections. Il en a fait de même. Nous sommes presque des frères. Nous sommes des adversaires sur le terrain, mais pas des ennemis, aujourd’hui, je peux vous dire que nous avons gardé le contact.»
Des propos diplomatiques qui ne l’empêchent de Gorée de vanter son expérience, son cursus… «Mais j’estime humblement, de par mon cursus, mon vécu, mon expérience, je pense être celui qui peut fédérer beaucoup d’associations nationales autour de la table. Je pense que ce sera sous mon leadership.»

Une pique au candidat anglophone
Par contre, au sujet de la candidature du Sud-Africain, Me Senghor lui a envoyé une petite pique : «Concernant le candidat anglophone, il n’a pas de grandes expériences et de vécu du management du haut niveau, des affaires du football. C’est la candidature surprise et je m’inquiète pour lui parce qu’à chaque fois qu’on fait référence à lui, on dit le milliardaire. Il ne s’agit pas d’une course aux milliards, il s’agit de gérer, d’organiser et de développer l’une des activités les plus prisées dans le monde et en Afrique, le football. C’est important d’avoir les moyens certes pour une campagne mais ce que nous attendons, ce n’est pas quelqu’un qui gagne une élection, mais quelqu’un qui gère et redresse notre maison Caf.»