Laisser un sélectionneur national faire ce qu’il veut, sans être recadré par la Dtn ou la Fédération. Une telle pratique n’augure rien de bon pour le futur des champions d’Afrique qui, après avoir raté le Mondial qatari, visent un second sacre en terre ivoirienne, en janvier prochain.Par Hyacinthe DIANDY –
Au lendemain de la qualification du Sénégal pour la Can 2023, le président de la Fédération sénégalaise de football, Me Augustin Senghor, déclarait : «L’objectif est la conservation de notre trophée. Il est clair que nous sommes l’équipe à battre (…), mais tout le monde y travaille. Il y a une dizaine d’équipes de qualité qui vont nous bousculer, mais nous saurons être là avec humilité. Il faut dire que le Sénégal est bien installé à sa place. Il faut maintenant travailler à rester au sommet du football, car le plus difficile commence à partir de maintenant.»
Mais comme on dit, gouverner, c’est prévoir. Bâtir une équipe compétitive, c’est penser à la relève. Vouloir «rester au sommet du foot africain», c’est aussi penser aux jeunes talents qui demain devront dessiner l’équipe du futur. D’où l’importance de ne pas rater le rendez-vous ivoirien, de janvier 2024, que le Sénégal veut survoler.
«Quatre latéraux gauche convoqués dont… Youssouf Sabaly»
D’ici là, le sélectionneur Aliou Cissé va devoir jouer quelques matchs dont les deux derniers devant boucler les éliminatoires. Et dès ce mois de juin, les Lions vont jouer le Bénin, le 17, et en amical le Brésil, le 20. Avant de boucler la boucle en septembre prochain.
Pour ces deux prochaines sorties des Lions, Aliou Cissé a convoqué 26 joueurs. Et comme d’habitude et sans surprise, il a zappé les Locaux et les U20, nouvellement sacrés champions d’Afrique. Une liste d’ailleurs où on note une bizarrerie, liée à la convocation de trois latéraux gauches, et même quatre si l’on y ajoute le polyvalent Youssouf Sabaly.
Cissé s’en «foot» des joueurs locaux !
Dans son explication, tirée par les cheveux, Cissé déclare : «On a travaillé dans une certaine continuité. Il est important aussi que cette équipe continue à progresser. (…) J’ai voulu conserver le noyau, l’ossature de cette équipe…» Un argument qui ressemble à un disque rayé, car étant toujours le même prétexte qui est servi à la presse.
La vérité est que Cissé s’en «foot» des jeunes catégories, en un mot des joueurs locaux. D’ailleurs, sa non-présence lors des finales du Chan, des Can U20 et U17 en témoigne. Là où Walid Regragui était en Algérie pour soutenir les U17 marocains.
Il ne faut donc pas s’attendre à ce qu’il ouvre la Tanière à d’autres nouvelles têtes. Car apparemment, et en le prenant aux mots, c’est ce même «noyau» qu’il compte emmener en Côte d’Ivoire, en dépit de l’état de forme de certains cadres plus proches de la touche.
Quand les coaches sont entourés de 2 à 3 adjoints, Cissé se contente d’un préparateur mental
Ce prétexte de miser sur la stabilité, ce n’est pas la meilleure manière de retenir les leçons du Mondial qatari où beaucoup d’observateurs ont estimé l’urgence d’apporter du sang neuf au moment d’aller défendre le titre en Côte d’Ivoire. Surtout, comme l’a rappelé le président de la Fsf, «le Sénégal sera l’équipe à battre».
Et c’est là qu’on attend la Fédération et la Dtn, qui doivent rappeler à l’ordre le sélectionneur qui pense que l’Equipe nationale lui appartient.
Un recadrage attendu d’abord au niveau du coaching où on ne comprend pas que «El Tactico», depuis le départ de Omar Daf, refuse toujours d’être assisté d’un adjoint, se contentant d’un préparateur mental (Régis Bogaert). Là où on voit des sélectionneurs, adeptes du «coaching collectif», s’appuyer sur 2 et même 3 adjoints.
Des superviseurs humiliés au Mondial, de jeunes talents snobés
Il y a ensuite cette démarche en solo optée par Cissé qui snobe ses autres collègues entraîneurs, y compris la Dtn. Le cas des superviseurs zappés et humiliés au Qatar étant un exemple patent.
Si on y ajoute cette mauvaise habitude à zapper tout ce qui est joueur local et jeunes pousses, cela devient inquiétant quand on ambitionne de garder son «bien», dans 7 mois en Côte d’Ivoire.
C’est vraiment le moment de freiner Aliou Cissé, avant que…
hdiandy@lequotidien.sn