Sélectionneur des Lions, Aliou Cissé est venu au Mondial russe avec trop d’incertitudes par rapport au choix des hommes devant constituer son équipe et son système de base. Et dans une compétition de haut niveau comme la Coupe du monde où les détails comptent beaucoup, ça ne pardonne pas. En clair, ses certitudes ont été «tuées» par ses… incertitudes. Explications en 4 points.
1 – Systèmes de jeu
Durant les derniers matchs de préparation des Lions pour le Mondial russe, Aliou Cissé a mué son système-fétiche, le 4-3-3 en 4-2-3-1. Mais lors de la première journée du Mondial russe, le coach des Lions a opté pour le 4-4-2 face à la Pologne. Première curiosité par rapport à une telle option, mais vite effacée par la réussite de ce dispositif avec au bout une belle victoire devant la Pologne (2-1).
Contre le Japon, il a mis de côté l’adage qui dit «qu’on ne change pas un système qui gagne», préférant opter pour le 4-3-3, avec le retour au milieu de Pape Aliou Ndiaye, venu prêter main forte au duo Gana Guèye-Alfred Ndiaye, crédité d’une bonne prestation contre les Nippons. Mais là, on n’aura pas la même réussite au niveau de l’animation du jeu. La vivacité des Japonais, bien en place tactiquement, était passée par-là. Dans le match-couperet contre la Colombie, Aliou Cissé va revenir à son 4-4-2 avec deux changements Keïta Baldé Diao, préféré à Mame Biram Diouf, et Cheikhou Kouyaté à la place de Alfred Ndiaye. Très présents lors de la première période face à la bande à Falcao, avec même un penalty refusé, les Lions vont baisser la garde en se faisant surprendre sur un corner grâce à une tête gagnante du géant défenseur central du Barça Yerri Mina.
2 – Coaching
Le coaching, comme aiment souvent le répéter les tacticiens, «c’est l’art d’apporter des alternatives par rapport à une situation de match bien donnée». D’ailleurs, c’est pourquoi on parle de «coaching gagnant» quand l’entraîneur réussit un changement… gagnant. Mais chez Aliou Cissé, c’est comme s’il faisait fi de cette vérité tactique. Sinon, comment comprendre certains changements opérés comme contre le Japon où il a remis sur le terrain et dans les dernières minutes Mame Biram Diouf pourtant très transparent face à la Pologne (2-1) ?
Idem pour les changements opérés face à la Colombie avec les rentrées dans les dernières minutes de Diafra Sakho et Moussa Konaté au moment où les carottes étaient cuites pour le Sénégal qui filait tout droit vers l’élimination. D’ailleurs, pour rester dans ce match, d’aucuns n’ont pas compris l’hésitation notée au moment de remplacer Youssouf Sabaly blessé et finalement suppléé par Moussa Wagué. Et comme par hasard, c’est dans ce moment de flottement que la Colombie va marquer le but de l’élimination sur corner. Comme pour confirmer le coaching «boiteux» du sélectionneur.
3 – Gestion du banc des remplaçants
Les sorties d’après-match de Diafra Sakho et Kara Mbodji renseignent sur les difficultés rencontrées par Aliou Cissé pour gérer les humeurs de certains cadres laissés sur le banc durant ce Mondial par la faute de la concurrence. La mise à l’écart de son capitaine Cheikhou Kouyaté contre la Pologne avait d’ailleurs créé un «buzz» sur les réseaux sociaux. Est-ce à cause de cette forme de pression que Aliou Cissé l’a rappelé contre la Colombie en remplacement de Alfred Ndiaye ? Allez savoir ! En tout cas, ce dossier sensible des cadres laissés sur le banc pourrait laisser des traces. Mais au juste, où était Moussa Sow, ni vu ni entendu ?
4 – Position de Sadio Mané
Au cours des trois matchs des Lions dans le groupe H du Mondial russe, Sadio Mané aura joué sur deux postes : excentré gauche contre la Pologne et le Japon et attaquant axial face à la Colombie. Deux positions différentes pour deux systèmes différents. Suffisant pour confirmer les difficultés rencontrées par Aliou Cissé pour «fixer» son meneur de jeu, très à l’aise sur le côté gauche à Liverpool.