Décrytage – Arrêt jusqu’à nouvel ordre de la sécurisation des combats : Le ministère de l’Intérieur avait pourtant posé des actes pour alerter

C’est comme si le Cng et les promoteurs n’ont rien vu venir suite à la décision forte du ministère de l’Intérieur d’arrêter, jusqu’à nouvel ordre, la couverture sécuritaire des combats de lutte. Pourtant l’alerte a été donnée plusieurs fois, à travers des recommandations et actes posés par les autorités. Décryptage.Par Hyacinthe DIANDY –
Le monde de la lutte s’est réveillé groggy, ce mercredi matin, suite à la mesure radicale du ministère de l’Intérieur de ne plus assurer la sécurité des combats de lutte. Une décision, via un communiqué, qui fait suite au choc Franc-Ama Baldé et qui a enregistré un mort à la fin du combat.
«Suite à cet énième manquement du Comité national de gestion de la lutte (Cng) et des acteurs impliqués, aux injonctions et recommandations à eux faites, notamment au sujet du respect des horaires, de l’observation de la jauge et de la définition d’itinéraires offrant moins de risques de confrontations entre groupes de supporters, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique a décidé de l’arrêt jusqu’à nouvel ordre de la couverture sécuritaire des combats de lutte sur toute l’entendue du territoire national», informe les autorités policières, qui ont décidé d’envoyer un message fort aux organisateurs, à savoir qu’il n’y aura plus de combats de lutte jusqu’à nouvel ordre.
Pourtant, cette décision ne doit pas surprendre, si on se fie aux différents actes posés (le communiqué en fait un rappel) par les autorités du ministère de l’Intérieur, allant dans le sens d’avertir les organisateurs sur les scènes de violence constatées après les combats.
Non-respect des itinéraires, heure tardive des combats, violence lors des face2face…
C’est ainsi comme première recommandation, les autorités se sont d’abord attaquées aux heures tardives des grands combats dont certains sont même allés jusqu’au-delà de 23 heures (Eumeu-Sa Thiès). En demandant au Cng de revoir sa programmation (qui ne doit aller au-delà de 19h 30-20h), par l’application stricte de son règlement. Ce qui a été fait, même si des débordements sont à déplorer.
Ensuite, il fallait s’attaquer à un autre nid de violence : les face2face. Et là, injonction a été donnée aux promoteurs de terminer leur présentation «avant minuit». Mais cela n’a pas empêché certaines dérives, comme cette bagarre entre Ama et Franc sur la 2Stv. Qui a poussé l’instance à recommander le «Triplex».
Restant dans sa logique d’anticiper sur les risques de violence, les autorités ont encore une fois rappelé, par arrêté ministériel, aux organisateurs, avant le choc Ama-Franc, la nécessité de terminer ledit combat «au plus tard à 19 heures».
Comme quoi, il y avait du côté de la Police nationale ce souci, cette volonté de prévenir, d’anticiper.
Inadmissible d’entendre des chroniqueurs «approuver» la bagarre Ama-Fanc, en soutenant que c’est pour vendre l’affiche
A l’arrivée, il faut dire que la journée du dimanche 16 février, marquée par la mort tragique de Babacar Diagne, a été le décès de trop. Entre le non-respect des itinéraires par les lutteurs et les actes de vandalisme suivis d’agressions après le combat, la police ne pouvait ne pas réagir. D’où cette «bombe» balancée en pleine figure aux acteurs du monde la lutte. Aujourd’hui, il y a lieu donc de mener une réflexion, des discussions, afin de trouver des solutions à proposer aux autorités. Mais surtout une campagne de sensibilisation que doivent mener ensemble l’Association des lutteurs, les ténors et les responsables des écuries. Et cette campagne de sensibilisation doit aussi concerner les communicateurs traditionnels et les «spécialistes des plateaux». Car c’est inadmissible d’entendre certains chroniqueurs «approuver» la bagarre Ama-Fanc sur la 2Stv, en soutenant que c’est pour mieux vendre l’affiche. Une position incompréhensible et qui est en contradiction avec leur rôle régulateur, devant prêcher le fair-play partout et en toute occasion.
Comme quoi le mal se situe à tous les niveaux. Et c’est pourquoi la décision des autorités de la police doit être bien décryptée par tous ceux qui tournent autour de l’arène.
hdiandy@lequotidien.sn