Fatima Fall Niang et Alpha Amadou Sy, respectivement experte-référente de l’Unesco pour le patrimoine immatériel et philosophe, ont publié un ouvrage chez l’Harmattan, intitulé Le ceebu jen, un patrimoine bien sénégalais. Lors de la cérémonie de dédicace de ce livre au Centre de recherche et de documentation du Sénégal (Crds), Fatima Fall Niang a rappelé que «le ceebu jen est un plat international depuis ses origines». En effet, ce plat très prisé au Sénégal et classé sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité, est fait à partir d’éléments en provenance de divers pays du monde. Elle cite notamment le riz d’Asie, les légumes, majoritairement d’Europe, et le poisson, qui vient des côtes sénégalaises. «Nous avons décidé d’écrire sur le ceebu jen à la suite du séminaire sur l’inventaire national organisé par le ministère de la Culture et coordonné par la Direction du patrimoine culturel et l’Unesco», a t-elle dit. L’inscription du ceebu jen au patrimoine ouvre des enjeux économiques, culturels touristiques et bien plus d’ailleurs, selon Mme Niang, par ailleurs directrice du Crds. «Nous sommes concernés en tant que communauté, mais surtout les autorités par rapport au changement climatique qui nous permettrait par exemple d’avoir du bon poisson pour faire du bon ceebu jen», a-t-elle ajouté.
Les chercheurs et scientifiques sont aussi interpellés par rapport aux différents types de riz, de légumes qui accompagnent le bon ceebu jen, a déclaré Mme Niang, estimant que la question de la paternité de ce plat revendiquée par d’autres pays, est derrière nous avec son inscription sur la liste du patrimoine mondial. Selon elle, le ceebu jen national a été unanimement consacré, par l’Unesco, patrimoine mondial.
Son co-auteur, Alpha Amadou Sy, a également insisté sur la nécessité de protéger davantage ce patrimoine grâce à une préservation des ressources, notamment halieutiques qui, de plus en plus, brillent par leur absence sur les marchés. «Nous avons essayé de réfléchir sur des questions essentielles», a dit M. Sy pour qui «le livre nous invite à une réflexion sur la manière de protéger le ceebu jen quand nos ressources halieutiques sont agressées». Il a plaidé pour une réflexion au-delà de l’art culinaire, notamment sur celle de la souveraineté économique en favorisant l’autosuffisance alimentaire qui ne doit pas être seulement un slogan. Pour lui, «ce livre est un hommage à la femme, à nos mères, à nos sœurs, etc. en ce mois qui leur est dédié».
Aps