«Mémoire corrective», c’est le titre des ouvrages que le journaliste Pape Samba Kane vient de publier en 2 tomes. La dédicace des livres s’est tenue ce vendredi à la Maison de la presse Babacar Touré. «Mémoire corrective», une galerie de 185 portraits de personnalités de plusieurs pays et de divers milieux professionnels, entre 1987 et 1996.

Par Ousmane SOW – Le journaliste et écrivain, Pape Samba Kane, remet à jour les portraits satiriques issus du journal Le Cafard Libéré, rédigés entre 1987 et 1996. Mémoire corrective, Tome 1 et Tome 2, fait un rappel historique d’événements et de visages emblématiques de la vie nationale, mais également de l’Afrique et du monde entier. Le Tome 1, préfacé par Mame Less Camara, couvre la période de 1987 à 1991 et comprend une centaine de portraits. Le Tome 2, lui, va de 1991 à 1996 et en compte environ 90. Aux éditions L’Harmattan Sénégal, les portraits dans ces deux ouvrages avaient été publiés dans le journal satirique Le Cafard libéré dont Pape Samba Kane, analyste politique, essayiste, poète et romancier, était le directeur de publication. En effet, dès le titre, on peut comprendre que c’est un projet bien ambitieux. Des textes qui, entre autres, comme le souligne son auteur, jettent un pont entre deux époques.

Pour la nouvelle génération, dira Pape Samba Kane, il s’agit de plonger dans les évènements de ces ouvrages entre 1987 et 1996. En revanche, pour ceux qui ont vécu cette période, «c’est une chance de redécouvrir des souvenirs familiers ou d’être surpris par des détails». Aujourd’hui, 30 ans après, ces papiers (portraits) ont encore une certaine fraîcheur.

Ils ne vieillissent pas. Mémoire corrective permettra sans doute aux plus jeunes, les sans-souvenirs, de se faire une meilleure idée de certains événements-clés de la vie nationale qui, en filigrane, traversent les récits qui composent ces deux ouvrages.

Aujourd’hui, le journaliste, hors des rédactions, a senti que ces textes pouvaient avoir encore un intérêt, surtout que certains incarnent la vie publique du pays. «Après trois quotidiens et puis Le Cafard Libéré, il m’arrivait de revisiter quelques numéros que je ramassais ici et là. Et parfois, je retrouvais des manuscrits. Et chaque fois que je les lisais, je me rendais compte que ces papiers avaient une certaine fraîcheur, c’est-à-dire qu’ils ne vieillissent pas, et m’apprenaient quelque chose 30 ans après», constate Pape Samba Kane, journaliste de la presse satirique et politique, lors de la cérémonie de présentation et de dédicace à la Maison de la presse Babacar Touré.

Dans Mémoire corrective, PSK condense une galerie de 185 portraits de personnalités de plusieurs pays et de divers milieux professionnels qui ont marqué ou continuent de marquer l’histoire du Sénégal. Des histoires fascinantes et drôles…

On retrouve dans Mémoire corrective, autre que la classe politique nationale, une présence remarquable de personnalités étrangères, notamment des chefs d’Etat, africains, européens…, entre autres, Mouammar Kadhafi, Yasser Arafat, Charles Taylor, François Mitterrand.

PSK, «grand maître» africain du portrait
Le préfacier du Tome 2 dira : «cet ouvrage, qu’on peut lire et relire sans se lasser jamais et que l’on ne pose que contraint, montre éloquemment que le très talentueux Pape Samba Kane est certainement le grand maître africain du portrait et, nommément, du portrait satirique…», écrit Pr Djibril Samb, soutenant que le volume 2 de Mémoire corrective est d’une immense richesse. Quant au défunt Mame Less Camara, préfacier du Tome 1, il disait : «On a comme l’impression de se promener dans une sorte de galerie des portraits de ceux dont les propos et actes font l’objet, depuis si longtemps, de toutes les attentions des médias sénégalais.»

Mémoire collective
Directeur du Laboratoire de littérature orale de la Flsh de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, le Pr Ibrahima Wane se rappelle : «Quand on relit ces textes de PSK 30 ans après, avec toute l’épaisseur historique, on se rend compte que nous avons une histoire politique, intellectuelle, scientifique, culturelle et artistique très riche. Donc, ce sont des textes extrêmement importants pour tout le monde. C’était un bréviaire pour les journalistes, les hommes politiques, les intellectuels, les chercheurs. Bref, on va dire tous les acteurs, puisqu’on ne peut pas faire la prospective sans se fonder sur l’histoire.»

Dans Mémoire corrective, ce sont des portraits qui racontent le Sénégal dans sa diversité. «Les religieux y croisent les politiques, les hommes d’affaires, les universitaires, les sportifs. Donc, c’est toute la société qui est racontée à travers ses portraits», a soutenu le Pr Wane, qui parle d’un livre «collectif». Ce qui fait dire à Ass Mademba Ndiaye que «le titre mémoire corrective aurait pu être aussi mémoire collective pour nous aussi, pour celles et ceux de ma génération…», explique le journaliste.