Définir des stratégies et des politiques de mitigation de l’exposition du secteur bancaire et financier aux risques climatiques, mettre en place des dispositifs qui permettent d’inciter le secteur financier à s’orienter vers le financement d’activités vertes, tels sont, entre autres, les enseignements tirés de la Conférence internationale sur le rôle des banques centrales face au changement climatique qu’a organisée la Bceao, mardi dernier.

Après un long moment de réflexion, les banques centrales veulent maintenant passer à l’acte par rapport au changement climatique. A l’issue de la Conférence internationale sur le rôle des banques centrales face au changement climatique organisée à Dakar par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), ces instituts d’émission ont convenu de définir des stratégies et politiques de mitigation, de mettre en place des dispositifs qui permettent d’inciter le secteur financier à s’orienter vers le financement d’activités vertes.

«Il y a beaucoup de possibilités de financement au niveau des banques de développement, à travers les obligations vertes, les mécanismes de financement alternatif. Il y a beaucoup d’opportunités qu’il faut soutenir et accompagner pour que le secteur financier soit mieux à même de pouvoir non seulement résister, mais également de contribuer à limiter l’impact du changement climatique», a déclaré le Gouverneur de la Bceao à l’issue de cette rencontre de haut niveau. A laquelle ont pris part une dizaine de banques centrales africaines, européennes, des institutions régionales de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), des représentants du Fonds monétaire international (Fmi), de la Banque mondiale…

Et l’ensemble de ces participants, selon Jean-Claude Kassi Brou, ont convenu de se retrouver prochainement, afin d’arriver à définir un cadre de régulation permettant d’aller de l’avant.

«Il s’agissait pour nous de faire le point sur la situation des impacts du changement climatique sur nos économies et de voir comment les banques centrales peuvent contribuer à la lutte contre le phénomène. On parle du changement climatique depuis de longues années. Il y a des réunions internationales. Et ce qui est sûr, c’est que les pays africains polluent peu, mais subissent des chocs très élevés (inondations, sécheresses…). Et cela a un coût économique important, ça impacte le secteur financier. Par exemple, quand une banque prête à une entreprise agricole et que celle-ci soit impactée par une sécheresse ou des inondations, et peine à rembourser ce crédit, la banque est aussi impactée. Quand ça se passe à une échelle importante, c’est tout le système qui est impacté. Ça veut dire que ce n’est plus un phénomène marginal, mais un phénomène systémique, c’est-à-dire que ça impacte tout le secteur financier. Et dès que le secteur financier est impacté, les banques centrales sont interpellées, parce qu’elles ont pour mission de stabiliser l’inflation, stabiliser le secteur financier pour assurer une croissance forte. Si le secteur financier est fragilisé, les banques centrales ne pourront plus atteindre leurs objectifs», a expliqué le patron de l’institut d’émission des huit pays membres de l’Uemoa.

Pour le moment, les banques centrales n’ont pas encore trouvé de solution. Elles sont toutes en phase de réflexion. Mais, il faut arriver à converger vers des normes de durabilité qui permettent aux systèmes financiers d’être stables. Pendant longtemps, souligne le Gouverneur de la Bceao, le changement climatique était vu comme un phénomène qui ne devait être pris en compte que par les Etats. Chaque Etat a ainsi défini une stratégie de lutte contre le changement climatique. Les banques centrales n’intégraient pas trop les risques liés au changement climatique. Mais depuis que le phénomène a commencé à impacter le secteur financier, elles ont commencé à s’y intéresser.

«Avec le Réseau des banques centrales pour le verdissement du système financier dont la Bceao est membre, nous pensons qu’il va bientôt y avoir des actions qui vont être mises en œuvre à partir d’un cadre réglementaire qui va être finalisé», a dit M. Brou.

Après avoir lancé les idées, les équipes des différentes banques centrales devraient travailler en synergie pour approfondir les propositions, avant une autre rencontre de haut niveau permettant de tout finaliser.
Par Dialigué FAYE – dialigue@lequotidien.sn