Depuis six ans, le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (Hcr) a initié aux côtés des gouvernements, une campagne de sensibilisation sur l’apatridie en vue de l’éradiquer dans tous les pays. Ainsi, dans sa volonté d’apporter son aide aux pays, le Hcr a organisé hier une campagne de sensibilisation dans les rues de Dakar en vue de combattre ce fléau, qui affecte la vie de nombreux enfants dont l’avenir est très ambigu.

La section sénégalaise du Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (Hcr) a lancé hier une campagne de sensibilisation sur l’apatridie. Cette campagne, qui coïncide avec le 6e anniversaire de celle lancée depuis 2014 par le Hcr et intitulée «J’existe», a pour objectif de lutter contre l’apatridie et d’aider les Etats à éradiquer ce phénomène de l’apatridie partout dans le monde. A bord d’un camion, les membres du Hcr ont sillonné les rues de la capitale pour inviter les citoyens à inscrire leurs enfants à l’état civil en distribuant des flyers dans ce sens.
Pendant deux tours d’horloge, ils ont essayé de parler aux populations de l’intérêt d’inscrire leurs enfants à l’état-civil et les conséquences que cet impair peut engendrer dans la vie des enfants.
Marie Madeleine Sakho, la Cheffe du bureau Hcr Sénégal,  indique que l’apatridie est un fléau qui limite les droits de l’enfant, c’est une personne qui n’a pas de visage, qui est inconnue. «Un enfant qui naît, qui n’a pas d’extrait, qui grandit et qui voudrait mener une vie normale comme les autres enfants, aura un grand problème», dit-elle. Avant d’indiquer que le Hcr s’est engagé sur cette question depuis 2014 avec les Etats de l’Afrique de l’Ouest pour combattre ce fléau.
Si le terme apatride semble nouveau encore dans notre pays, cependant, soutient Abibatou Babou, directrice des Affaires civiles et du sceau, le fléau existe depuis longtemps. «Peut-être qu’au Sénégal, historiquement nous ne connaissons pas des raisons qui ont créé un Peuple ou une communauté apatride. On sait que dans certains pays, après les indépendances, certaines populations ont été exclues et n’ont pas eu la nationalité. Heureusement, nous ne connaissons pas cette situation au Sénégal», se réjouit-elle.
D’après Mme Babou, le facteur apatride concerne le défaut d’inscription des enfants à l’état-civil. Mais le ministère de la Justice, en collaboration avec celui chargé des questions d’état civil, «a toujours œuvré pour que les enfants nés au Sénégal qui soient de parents étrangers, soient inscrits à l’état-civil», révèle-t-elle. Selon toujours Abidatou Babou, le Sénégal ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Chaque année, le pays organise, ajoute-t-elle, des audiences foraines gratuites qui permettent d’inscrire tous les enfants qui n’ont pas «été inscrits dans des délais prévus par la loi».
Mieux, poursuit-la chargée des Affaires sociales au ministère de la Justice, le Code de nationalité a été réformé. Et dans cette réforme, la femme sénégalaise, qui n’avait pas le pouvoir de donner la nationalité à son enfant, peut désormais le faire. Que le père soit sénégalais ou un inconnu, la femme sénégalaise peut, à elle seule, donner la nationalité à son enfant.
Selon Abibatou Babou, directrice des Affaires civiles et de sceau au ministère de la Justice, le Sénégal a toujours été avant-gardiste. «Très tôt le Sénégal a signé les conventions de 1954 et celles de 1961 relatives à la fin de l’apatridie et à la lutte contre l’apatridie. Parmi les engagements pris, le Sénégal a pris le nouveau code sur les réfugiés qui est même passé en Conseil des ministres il y a quelques mois. Il sera voté dans quelques mois», rassure-t-elle, en invitant «de lutter, de conserver les acquis et de veiller». Car le premier acte d’existence d’’un enfant c’est son inscription à l’état-civil. Depuis le lancement de la campagne de sensibilisation en 2014, le Hcr n’a cessé d’organiser des cessions de formation pour apporter des réponses à l’apatridie en renforçant les capacités de leurs agents des gouvernements.