Par Dieynaba KANE – 

La direction «illégale» à l’Institut français pour les étudiants étrangers (Ife) de l’Ucad a plongé cette école dans l’impasse. C’est, en tout cas, ce que les syndicalistes du Sudes ont fait savoir. Selon ces derniers, tout a commencé depuis le mois d’avril 2021, quand «le Recteur, Ahmadou Aly Mbaye, a pris sur lui la responsabilité exclusive de nommer un directeur de l’Ife, puis un directeur des études, sans en référer au Conseil d’administration habilité en la matière».
A en croire la section Sudes de cet institut, «le prétexte de l’intérim, évoqué en épouvantail  pour faire passer ce coup de force administratif, n’est nullement prévu et organisé par aucun texte de l’Ife». Aussi, ajoutent les syndicalistes dans un document, «devant cette situation de non-droit, voire de forfaiture, l’Usb-Sudes de l’Ife refuse de reconnaître le directeur et le directeur des études illégalement nommés et installés par un Recteur qui a choisi d’écraser et de mépriser les collègues placés sous son pouvoir hiérarchique.» L’une des conséquences c’est la situation de blocage qui prévaut dans cet institut, avec la délibération du jury d’examen du premier semestre organisée par la nouvelle direction qui n’a pas pu se tenir normalement. De toute évidence, explique le Sudes, «le quorum ne pouvait être atteint en l’absence de quatre des huit enseignants (y compris le directeur et le directeur des études) qui se refusaient à participer à une réunion irrégulière et illégale.»
Pour le deuxième semestre, on risque d’assister au même scénario. «Les examens du 2ème semestre ont été organisés. Les enseignants membres de l’Usb-Sudes, ne pouvant se résoudre à l’illégalité que constituerait la remise de notes d’un examen à des instances illégales, attendent toujours d’avoir face à eux des autorités académiques légalement instituées et habilitées à cette fonction. Résultat : la délibération des examens du 2ème ne s’est toujours pas encore tenue», a expliqué le syndicat. Il en est de même pour les tests d’entrée à l’Ife pour l’année 2021-2022 dont la date n’est pas encore connue. Et les syndicalistes d’alerter : «La particularité du public accueilli à l’Ife rend cette question singulièrement sensible. Un retard trop prononcé entraînera la désertion des étrangers qui choisiront d’autres pays pour leur formation, portant un coup sérieux à l’image du Sénégal comme pôle d’excellence universitaire. Quand on ajoute à cela l’impossibilité, pour les étudiants de la promotion 2020-2021, d’entrer en possession de leurs attestations ou diplômes, on se demande si l’Ife se relèvera facilement de l’état comateux dans lequel l’a plongé l’obstination du Recteur à assouvir la passion ambitieuse de ses favoris.» Les syndicalistes regrettent ainsi l’attitude du Recteur qui ignore toutes leurs «de­mandes et interpellations ex­pri­mées par correspondance». Selon eux, «conscient de l’illégalité de ses actes, le Recteur refuse d’accéder» à leur «de­mande d’entrée en possession des arrêtés de nomination» qu’ils contestent. Car soulignent-ils, «il sait que les tribunaux ne lui donneraient pas raison».
Pis encore, ajoute le Sudes, «le Recteur refuse de convoquer le Conseil d’administration de l’Ife pour l’installation régulière d’une direction légale».
Déplorant cette «stratégie de pourrissement» adoptée par le Recteur, les auteurs du document avertissent sur les effets destructeurs que celle-ci aura sur cet institut. Il s’agit de «l’anéantissement des efforts pédagogiques de la promotion d’étudiants de l’année 2020-2021, l’hypothèque sur le démarrage de la nouvelle année 2021-2022». Et aussi le fait que «pour la première fois, depuis sa création en 1963, l’Ife est mis en situation de fragilité périlleuse par le seul fait de l’autorité rectorale qui rendra compte de ce qui adviendra.»
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