Air Sénégal a un nouveau patron. Il s’agit de Ibrahima Kane qui était jusque-là directeur du Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis). Il a été nommé hier par le Conseil d’administration à la tête de la compagnie nationale, en remplacement de Philippe Bohn à qui on reprocherait de nombreux griefs.

Un réaménagement à la tête d’Air Sénégal Sa. Le Conseil d’administration de la compagnie aérienne a procédé hier à de nouvelles nominations. M. Ibrahima Kane, qui était jusque-là directeur général du Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis), a été nommé directeur général d’Air Sénégal Sa, en remplacement de M. Philippe Bohn. Cette décision, d’après un communiqué de la compagnie, «marque l’accomplissement réussi de la première phase de lancement industriel, commercial et financier de la compagnie sénégalaise. Comme il s’y était engagé auprès des autorités sénégalaises, Monsieur Bohn a assuré le renouveau d’Air Sénégal, son équipement par une flotte renouvelée et moderne et le retour des couleurs sénégalaises sur les vols longs courriers. La transition avec les cadres sénégalais est assurée et permet un passage de relais réussi à la tête de la direction générale de la société».
Créée en avril 2016, la compagnie Air Sénégal a obtenu son Permis d’exploitation aérienne (Pea) le 30 avril 2018, et a effectué son premier vol commercial, un aller-retour Dakar-Ziguinchor, le 14 mai 2018.
Mais depuis lors, beaucoup de «couacs» ont été décriés dans la gestion, malgré les efforts consentis par M. Bohn et son équipe. Cette première desserte par exemple n’était pas régulière à cause, selon certains observateurs, de son lancement précipité.
Après les deux Atr qui faisaient la liaison Ziguinchor, Bissau et Praia, la compagnie avait loué un A319 pour se déployer dans la sous-région, en commençant par Abidjan et Cotonou. Cette option avait également fait l’objet de beaucoup de critiques.
En moins d’un an d’activités effectives, Air Sénégal Sa s’est dotée d’un fleuron pour renforcer sa flotte. Il s’agit du premier A330-990 Neo destiné au continent africain, en opération sur la ligne historique Dakar-Paris-Dakar. Malheureusement, des défaillances techniques ont été constatées sur un des moteurs de ce nouvel appareil dimanche dernier à Paris, au moment où il s’apprêtait à faire cap sur Dakar. La compagnie a ainsi effectué son vol retour Paris-Dakar à bord d’un A380 loué auprès de Hi Fly.
Il a été révélé ce vendredi par le journaliste Cheikh Yérim Seck que cet appareil «ne vole pas sous pavillon sénégalais, mais… sous licence de Hi Fly, une petite compagnie aérienne portugaise basée à l’aéroport de Béja, à Lisbonne, disposant d’une modeste flotte de 8 appareils, et ‘’spécialisée dans l’affrètement d’avions dans le monde entier sur des contrats à moyen et long terme pour les compagnies aériennes, les voyagistes, les gouvernements, les entreprises et les particuliers’’. La location de la licence Hi Fly coûte évidemment une fortune. Lorsque Aliou Sall, directeur de la Caisse des dépôts et consignations (Cdc), actionnaire unique d’Air Sénégal Sa, a voulu – légitimement – voir clair dans le contrat qui lie cette compagnie à Hi Fly, Philippe Bohn le lui a remis, mais tenez-vous bien, après avoir flouté tous les chiffres et clauses financières contenus dans le document». D’après toujours notre confrère, «Philippe Bohn est allé plus loin dans l’irrespect. A l’insu du Conseil d’administration et de son président Souleymane Ndéné Ndiaye, il a déplacé le siège de la compagnie du centre-ville aux Almadies, dans des locaux qu’il a aménagés à coups de centaines de millions (de francs Cfa) et qu’il a loués à plus de 10 millions mensuels. Lorsque l’ancien Premier ministre a convoqué une réunion du Conseil d’administration afin de lui signifier son licenciement pour cette faute lourde, Bohn ne s’est pas présenté…».
Après ces «mésaventures», les autorités étatiques semblent mettre de l’ordre dans la compagnie en démettant M. Bohn qui devient administrateur indépendant, après vingt mois à la tête d’Air Sénégal Sa. D’autres parlent de démission. Le communiqué de la compagnie n’y a apporté aucune précision.

Ibrahima Kane, un polytechnicien, atterrit à Air Sénégal
Du Fonds souverain d’investissements stratégiques, Ibrahima Kane atterrit à Air Sénégal. Après plus de deux ans à la tête du Fonsis, cet ingénieur polytechnicien aura la lourde mission de développer la flotte et les dessertes de la compagnie nationale. Le successeur de Philippe Bohn était directeur général du fonds qui fédère les investissements nationaux et étrangers depuis octobre 2016, en remplacement de Amadou Hott, parti à la Banque africaine de développement (Bad) comme vice-président et récemment nommé ministre de l’Economie, de la coopération et du plan dans le gouvernement Macky II.
Il est co-fondateur et administrateur de la première unité industrielle sénégalaise opérant dans un rayon laitier composé d’éleveurs traditionnels. Diplômé de l’Ecole polytechnique et de l’Ecole nationale des ponts et chaussées, Collège génie industriel à Paris en France, il a également bénéficié de l’Executive leadership program au London Business School à Londres au Royaume-Uni.
Ibrahima Kane compte vingt années d’expérience professionnelle et de direction dans l’industrie agro-alimentaire et les mines en France, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Sénégal et en Mauritanie.
dialigue@lequotidien.sn
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