Certains des ministres débarquent dans des secteurs auxquels leur parcours ne les a jamais préparés. Ils n’auront pas beaucoup de temps pour apprendre, afin de ne pas faire couler le navire, et leur carrière avec.

Dans un gouvernement de 39 membres, 20 postes sont consacrés à départements ayant un lien direct avec l’Economie. C’est dire que le chef de l’Etat est bien conscient que son véritable combat, au-delà de sa réélection, est de remporter la bataille de l’économie afin d’assurer de l’emploi, aux jeunes et aux moins jeunes. Ce constat fait, l’exercice, toute somme légitime, consiste à voir ce que Macky Sall pourrait espérer avec les profils des individus qu’il a placés aux différents postes.
Si Amadou Ba est devenu quasiment incontournable et inamovible à l’Economie et aux finances, c’est d’abord et avant tout du fait du travail qu’il y a abattu, attesté par les chiffres de l’économie du pays. On peut ne pas les approuver, parler de la misère de certaines couches de la population, il n’en reste pas moins que sur le plan macro-économique, le pays semble mieux se porter qu’il y a quelque temps, malgré quelques faiblesses concernant le taux du déficit. Mais là aussi, tout est question de chapelle.
Au-delà de Peytavin et de son tandem confirmé, la question qui se pose concerne des figures comme Sophie Gladima aux Mines, Moustapha Diop à l’In­dustrie et aux Pme, ou Mame Mbaye Niang au Tourisme. Il faudrait constater au préalable qu’aucun de ces individus ne découvre un poste ministériel, ayant tous exercé à des postes divers et différents. Le challenge auquel ils sont tous confrontés sera donc de donner vie à un département presque exsangue. De plus, si Mme Gladima doit à sa formation universitaire de s’occuper de la Géologie, il ne s’agit plus ici de faire de nouvelles découvertes, le potentiel minier du Sénégal étant connu depuis un certain temps. Son challenge, comme celui de son prédécesseur, est plutôt de faire en sorte que les entreprises qui exploitent nos richesses du sous-sol paient des redevances qui reflètent la valeur des ressources qu’elles tirent, et qu’à la fin de l’exploitation, elles ne nous laissent pas des cratères inhabitables.
Moustapha Diop, longtemps ministre-délégué, vient de prendre du galon, même s’il a dû lâcher son juteux portefeuille (électoral) de l’entreprenariat féminin. Et même si un ministre doit être polyvalent, on se demande quelle peut être la valeur ajoutée de ce personnage, bien connu des magistrats de la Cour des comptes, à un secteur dont il ne connaît quasiment rien ? C’est vrai que l’on connaît tous les difficultés de nos Pme à trouver des financements. Mais il ne s’agit pas ici de bétail électoral à appâter avec quelques millions, mais des entrepreneurs qui ont besoin d’un environnement propice pour développer leurs affaires…
Quant à Mame Mbaye Niang, qui a été exfiltré à temps de la Jeunesse, il va devoir très vite découvrir que le tourisme sénégalais n’est pas une sinécure. Et si les opérateurs sont restés plus ou moins tranquilles depuis un certain temps, c’est que Maïmouna Ndoye Seck, en bonne Polytechnicienne, a pris le temps d’apprendre pour leur appliquer la meilleure thérapie. Pourra-t-il poursuivre l’œuvre entamée et amplifier les actions ? Tout le monde connaît les maux du secteur, aggravés par une offre de services qui devient tous les jours obsolète. Pour le bien du secteur, et surtout du Sénégal, souhaitons que le nouveau ministre n’ait pas à vite regretter d’avoir renoncé à ses Vacances citoyennes en compagnie de son compère, l’ancien ministre du Tourisme, Youssou Ndour. A moins que ce dernier ne lui donne les conseils pour qu’il ne refasse pas les mêmes erreurs.
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