A moins de 6 semaines de l’échéance budgétaire, c’est plus de 95% des créances qui ont été liquidés par le Trésor. Un niveau de dépenses plus important que celui de l’année dernière, et qui relativise fortement les déclarations sur le manque de liquidités dont souffrirait le pays.

Cette année, l’Etat a dépassé de plus de 78 milliards le montant de ses règlements par rapport à l’année dernière. Une manière de faire pièce aux déclarations de quasi cessation de paiement. C’est dire que le ministre de l’Economie et des finances semble décidé à ne plus faire le dos rond face aux critiques quant à la situation des finances publiques du pays. Pendant très longtemps, les complaintes n’ont pas cessé de jaillir sur les difficultés réelles ou ressenties des entreprises travaillant avec l’Etat, ainsi que de certains ménages, qui se plaignent de leurs déficits structurels en liquidités. Il a été le plus souvent reproché au gouvernement de privilégier le paiement des travaux du Train express régional (Ter), ou de l’autoroute Ila Touba, au détriment des Pme et Pmi, ainsi que des autres secteurs de l’activité économique.
Ce matin, en Conseil des ministres, M. Amadou Ba va tenter de démontrer que s’il y a tension budgétaire, notamment du fait de la hausse des prix des hydrocarbures, cela n’a pas encore affecté la signature du pays, et que l’Etat parvient toujours à faire face à ses engagements.
Ainsi, si l’on en croit une communication interne au ministère de l’Economie des finances et du plan, au 18 novembre 2018, «sur une autorisation d’engagement de 1650 milliards 537 millions, les crédits engagés sont d’un montant de 1411 milliards 590 milliards de Francs Cfa, soit un taux d’engagement de 85,52%, ce qui est plus élevé de 1,76% par rapport à la gestion de 2017 à la même période».
Le document souligne par ailleurs que les dépenses de fonctionnement et les dépenses d’investissements sont plus importantes de 4,37% par rapport à l’année dernière à la même période. On a ainsi noté pour cette année, que 310 milliards 822 millions ont été engagés sur 314,438 milliards de crédits ouverts, soit 98,85% d’exécution, par rapport au taux de l’année dernière, qui était de 96,85%. De même, pour les dépenses d’investissement, dont le taux à la date indiquée, était de 75,4%, contre 67,09% l’année dernière.
Ce niveau d’engagement se reflète également dans le paiement. Le document du ministère de Amadou Ba indique que l’Etat a liquidé, en moins de deux mois de l’expiration du budget, 95,28% des crédits engagés, ce qui en chiffres absolus fait 1344 milliards 958 millions de francs Cfa. L’année dernière, on en était à 1265 milliards 966 millions de Francs Cfa, soit, comme on l’a dit plus haut, une hausse de 78 milliards 991 millions de francs Cfa.
S’il est vrai que la situation ne peut pas être absolument rose, étant donné que l’Etat ne peut compter que sur une assiette fiscale assez réduite pour se financer, on ne peut pour autant pas, à la lecture des documents du ministère de l’Economie, des finances et du Plan, dramatiser outre mesure la situation, qui montre des comptes bien tenus et des dépenses parfaitement maîtrisées.
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