Député cherche dépités

«Wooy….Wooy sama ndeye…Woyayoye !» Vous avez connu ça, vous aussi ? Mais si voyons, la chanson de Youssou Ndour, le déhanché de ses danseuses…Là, je dis bravo, je savais bien que ça vous reviendrait !
Allez, on joue encore : «Wooy au secours» ? J’écoute : si vous avez répondu Pape Thiopet, vous marquez deux points. Je note…
On continue ? Plus récemment, on a eu droit, dans le même ton, tout en points d’exclamation, au «Ay waay yaxunaa» (je suis cuit, je suis foutu, je suis fait comme un rat) de Seydina Fall Bougazelli, et j’ai trouvé qu’il manquait comme un «Ndeysaan» quelque part. L’auteur (si on peut dire ça comme ça), je vous le concède, n’est pas vraiment un artiste, quoique…On lui prête, à tort ou à raison, un Cv d’ancien «faux-lion», et quelques bonnes intentions.
La fameuse vidéo (vous l’avez vue vous aussi hein !) daterait de 2019, l’année où Bougazelli, député de la majorité comme on dit, est arrêté ; pour trafic de faux billets, mais pas que. On (moi) s’attend forcément à l’entendre rugir, à faire semblant ne serait-ce qu’un peu. Au lieu de cela, Bouga miaule, nous sort au moins trois fois (je ne sais pas compter) son «Ay waay yaxunaa» plaintif, invoque son diabète, et jure sur la tête de ses gosses. Sur la même vidéo, ressortie on ne sait trop comment par on ne sait trop qui, on l’entend parler de la personne qui lui aurait refilé les petits billets, et il va jusqu’à raconter qu’il n’y a rien d’autre que «ça», sous-entendu le sac qui traîne à ses pieds. Euh…On appelle ça se faire prendre la main dans le sac.
En 2020, surprise ! Bougazelli sort de prison, pour «raisons médicales» le pauvre, sortez vos mouchoirs je vous prie ! Si vous levez les yeux au ciel, c’est encore mieux.
Sa vie d’après les barreaux ? On va dire : un œil sur la mairie de Guédiawaye, chez le frère de tonton Macky, et toujours autant de choses à dire, un vrai moulin à paroles que celui-là ! On lui ressort le film de son «flagrant délit» ? Il crie au complot, rien que ça, et pointe du doigt l’opposition et la gendarmerie. On lui demande comment il a vécu tout cela, il répond : «Avec philosophie», naturellement. On va appeler cela le bougazellisme, «la vie continue» daal…
Pareil pour ses activités politiques. Bouga «déroule», et roule des mécaniques ; un peu plus et il nous embarquerait dans son délire, je vous jure, avec la complicité de certains plateaux de télé transformés pour l’occasion en purgatoire. L’on s’y rachète une bonne conscience, ou une virginité médiatique. Dans son boubou blanc comme neige, Bougazelli était évidemment dans son rôle.
Ou alors l’invite-t-on pour jouer les bouffons de service, pour la franche rigolade, pour les gloussements de la journaliste ou de l’animatrice qui n’a absolument pas eu honte de lui poser la question (non non), pour l’entendre nous parler fièrement des «deux kilos» de ndombo (gris-gris) cachés sous ses vêtements, et donc de ses pouvoirs «mystiques». Autrement dit, malheur à ses ennemis !
Si nous laissons des individus de cet acabit postillonner sans gêne sur nos écrans, c’est que nous sommes tombés bien bas ! Si quelqu’un comme cet homme-là a pu revendiquer un siège de député dans ce pays, c’est que nous sommes un Peuple, comment dire, dépité, blasé, accoutumé, indifférent, résigné ?
Pendant ce temps, l’Assemblée nationale ne fait évidemment pas bonne figure (que voulez-vous). Vous y trouverez de mauvais élèves qui dorment ou «bavardent » en classe, les éternels chahuteurs, les Bougazelli, les comiques de service, les chefs de bande, les bagarreurs, les moutons de Panurge, et le vieux maître d’école fatigué de répéter «siwouplé, calmez wou» (s’il vous plaît, calmez-vous).
Ah tiens, je manque à tous mes devoirs ! J’aurais peut-être dû commencer par-là : ça ne tourne pas rond, mais le moulin de Kumba Ndew roulera par ici tous les jeudis.