Macky Sall, qui a présidé hier sa dernière Journée des Forces armées, n’a pas dissimulé son émotion au moment de faire ses adieux aux soldats dont il a amélioré la condition dans tous les secteurs.

Derrière le masque, il a l’œil humide. Vêtu d’un costume bleu, Macky Sall fait la revue des troupes au Camp Dial Diop. Il est étreint par l’émotion en présidant pour la dernière fois la Journée des Forces armées. On la sent dans sa voix : «La Journée des Forces armées nous offre, chaque année, l’occasion solennelle de nous rassembler autour des valeurs de l’Etat, de la Nation et de la Répu­blique ; valeurs auxquelles notre Armée, dans toutes ses composantes, reste indéfectiblement attachée.» Pour le chef suprême des Armées, c’est un moment majuscule pour le pays. «La journée qui nous rassemble ici n’est pas un simple rituel. Au-delà du cérémonial, elle est surtout l’occasion d’une introspection sur la vocation du soldat dans la société, parce que nos Forces armées, par leur mode de recrutement sur l’étendue du territoire national, sans discrimination aucune, incarnent la Nation dans toute sa diversité. D’où la pertinence même du concept Armée-Nation, qui inspire le thème de cette édition : «Les Forces armées au cœur de la cohésion nationale.»», expose le Président Sall, qui multiplie désormais les tournées d’adieu. Car, le 2 avril prochain, son successeur va prêter serment pour devenir le chef suprême des Armées.

Journée des Forces armées : Les mots d’adieu de Macky

Ces 12 dernières années, il s’est évertué à avoir une relation fusionnelle avec elles. En termes d’investissements. De traitement. Et de formation. L’Ecole nationale de la Marine, inaugurée en juin 2022, est le dernier édifice militaire qu’il fallait construire pour achever la carte scolaire des Armées : il y a l’Ecole de l’Armée de l’air, celle des sapeurs-pompiers, l’Ecole de guerre, des officiers, de l’état-major… Sans oublier l’existant comme l’Ecole nationale des officiers d’active (Enoa), l’Ecole nationale des sous-officiers d’active (Ensoa), de l’Armée de l’air. Sous Macky Sall, les corps qui ne disposaient pas de centre de formation ont obtenu leur indépendance académique.

Sans doute, cette vision du Président est-elle liée à son passé de ministre de l’In­térieur. Chez lui, il y a cet investissement dans les infrastructures et les ressources humaines, au-delà du budget toujours en hausse des Forces de défense et de sécurité, du recrutement massif d’agents, des revalorisations d’in­demnités, qui rappellent les urgences sécuritaires dans une sous-région agitée.

Journée des Forces armées : Les Jambaars célébrés à Ziguinchor

Goudiry, Fatick, Louga, Fongolimbi, Maka… L’Armée et la gendarmerie procèdent depuis quelques années à une réécriture de la carte sécuritaire en créant de nouveaux cantonnements militaires et brigades de gendarmerie. De l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud, en passant par le Centre, le maillage du territoire national est une réalité. Le Camp militaire de Goudiry, situé à l’Est du Sénégal, à la frontière malienne, accueille le 4ème Bataillon de reconnaissance et d’infanterie de l’Armée. Par exemple, il permet, en liaison avec les autres Forces de sécurité, de lutter avec plus d’efficacité contre l’insécurité et les menaces transfrontalières. Sans oublier les nouveaux érigés à Némading (Fatick) et à Nguidila (Louga). Qu’est-ce qui peut expliquer cette militarisation accélérée de plusieurs zones ? Evidemment, la situation explosive de la sous-région, où se meuvent des terroristes, pousse tous les pays à réajuster leur stratégie sécuritaire pour faire face aux menaces transnationales. Face à l’expansion du conflit malien dans la région du Sahel et la menace qu’elle pose aux régions côtières d’Afrique de l’Ouest comme le Sénégal, il est évident de renforcer la capacité de réponse des soldats.

Lors de la cérémonie, le président de la République a procédé au baptême de la 55e promotion des élèves-officiers de l’Ecole militaire de santé (Ems) et de la 42e promotion des élèves-officiers de l’Ecole nationale des officiers d’active (Enoa) de Thiès. Entouré du chef d’Etat-major général des Armées, il serre, à la fin du cérémonial, les mains des officiers supérieurs, des officiers, traverse les rangs pour saluer d’autres militaires. En garde-à-vous ! Sans se soucier des rigueurs du protocole. Il visite le Musée des Forces armées, ressort et s’arrête devant d’autres agents Fds. Flanqué du Cemga, du Haut-commandant de la gendarmerie, qui l’accompagnent vers sa voiture, qui roule à pas, il s’éternise au milieu de la cour du Camp Dial Diop. Il continue à marcher sur le tapis rouge à côté des généraux Mbaye Cissé et Moussa Fall, qui l’escortent jusqu’à la sortie où il a fait ses adieux au Qg de l’Armée. Fermez le ban, une page se tourne !