Une cérémonie d’hommage national à la hauteur de l’illustre disparu ! Devant la porte principale du Palais, le Président Macky Sall et toute la Nation ont rendu un hommage appuyé au chef du Protocole, Bruno Diatta, rappelé à Dieu vendredi dernier. Le Président a présenté ses condoléances et celles de la Nation. Il a en outre rappelé les qualités du disparu. Un homme discret, courtois, élégant, une icône du cérémonial, maître dans l’art qui mérite tous les honneurs de la Nation.

C’était une cérémonie d’hommage à l’image de Bruno Diatta. Une cérémonie sobre, digne, sans fausse note et avec tous les honneurs. Auparavant, un peu avant 11 heures, dans l’intimité familiale, le corbillard quitte la morgue de l’hôpital Principal. On aperçoit le cercueil drapé des couleurs nationales sur le corbillard qui roule lentement, sous escorte de la Gendarmerie nationale, vers la porte centrale du palais de la République, le lieu où se déroulait la cérémonie nationale d’hommage.
Au pied de la tribune officielle, le cercueil est délicatement sorti du «commenta» par les militaires et exposé en face de l’assistance. Alors commence la cérémonie d’hommage. Des visages tristes étreints par l’émotion, mais dignes devant la douleur. En première ligne de la tribune, la famille proche, ses quatre enfants, sa veuve, les parents et amis du défunt, les autorités de la République, tous étaient là pour dire adieu au maître du cérémonial. Que la vie est ironique, s’exclame le Prédisent Macky Sall ! «Le cérémonial est par définition un domaine réservé à Bruno. Il n’y a que la mort pour nous imposer un cérémonial à la place de Bruno», soutient Macky Sall ému. Le Président Sall qui prononce ainsi l’oraison funèbre de son collaborateur, rappelé à Dieu vendredi dernier, a tenu à louer les qualités de son désormais ex-chef du Protocole. «J’ai perdu un conseiller émérite, un émissaire habile des missions délicates», regrette-t-il. Il estime que c’est une perte «immense» et une «douleur infinie» qui envahissent toute la Nation. Poursuivant son propos, le Président Sall a souligné que Bruno Diatta est resté fidèle à lui-même jusqu’à la fin. «Il s’en est allé discrètement comme il a vécu. On le savait souffrant depuis peu, mais il ne s’est jamais plaint de sa maladie. Il tirait sa force dans sa pudeur», témoigne le Président.
Pour Macky Sall, Bruno incarnait l’homme universel de Léopold Sédar Senghor qui l’avait appelé à ses côtés en 1977. Il rappelle que pendant quatre décennies, il a organisé de main de maître le quotidien de l’Etat au plus haut niveau. «De sa sortie de l’Ecole nationale d’administration en 1973 au vendredi 21 septembre, date de son rappel à Dieu, Bruno a dédié un parcours sans faute de 45 ans à l’Etat et à la République dont 41 ans de Protocole à la présidence de la République, servant avec le même dévouement républicain tous les Présidents du Sénégal indépendant», déclare le Président Sall. Il ajoute, «sans fausse note, en moins de 10 jours, il a organisé ma cérémonie d’investiture et la fête de l’Indépendance de 2012 et c’est tout naturellement que je l’ai maintenu en l’élevant au rang de ministre par décret», révèle-t-il.

La salle du Conseil des ministres et l’amphithéâtre de l’Ena porteront son nom
Les éloges sont unanimes. Tout le monde l’apprécie parce que «l’homme était poli». Selon le Président, l’estime à l’endroit de Bruno venait de sa capacité «unique à transcender les conjectures et les convictions de l’histoire en restant à cheval sur le métier et le pied ferme sur le socle qui soutient la continuité des institutions». Pour Macky Sall, il faut plus qu’une formation, des diplômes pour exceller dans le Protocole et se hisser au niveau de Bruno Diatta, car «le Protocole c’est la finesse, la rigueur, le savoir-faire, une invite permanente à la politesse, à l’humilité, la tenue au civisme. Voilà les valeurs dont Bruno Diatta était le gardien vigilant, rigoureux, ferme et discret», témoigne-t-il. D’aucuns souhaitaient voir Bruno écrire ses mémoires, mais pour Macky Sall, le défunt a fait plus qu’écrire des mémoires. «Sa vie et son œuvre forment un livre ouvert pour qui sait lire plus les actes que les mots. Bruno n’était pas un homme du verbe, mais de l’action», corrige-t-il.

Une Académie du protocole pour continuer ses enseignements
«Gardien du temple», «icône emblématique du cérémonial», il a marqué de son empreinte le Protocole. En guise de reconnaissance, le Président Sall l’offre en exemple à la génération actuelle et future. Ainsi, la salle du Conseil des ministres et le grand amphithéâtre de l’Ecole nationale d’administration (Ena) porteront désormais son nom. Le Président l’a également désigné comme parrain de la promotion de l’Ena qui sortira en janvier 2019. Aussi, promet-il, l’Etat va accompagner la réalisation du projet d’Académie du protocole que le défunt portait «généreusement» avec Babacar Touré.
Après ce témoignage émouvant, il était venu l’heure pénible de la séparation. Mais avant, le Président a tenu encore à dire à son collaborateur ces mots : «Tu remplis ta mission avec classe et honneur. Repose en paix ad vitam aeternam !», avant de présenter ses condoléances, celles de la Nation et de ses prédécesseurs Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Le cortège s’ébranle vers la cathédrale de Dakar. Il est accompagné de la famille, des amis, des collaborateurs où une messe a été dite pour le repos éternel du défunt.
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