Dans son objectif de «mettre fin à l’impunité des auteurs des crimes les plus graves (génocides, crimes contre l’humanité, crimes de guerre) qui touchent la communauté internationale», la Cour pénale internationale (Cpi) a traité 21 affaires depuis sa création. Elles se sont toutes déroulées sur le continent africain. Un constat  qui pousse à se demander si les intérêts de l’Afrique ne sont pas biaisés ? Pour des étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop conviés par la représentation diplomatique des Pays-Bas au Sénégal pour débattre sur le sujet, «les intérêts de l’Afrique ne sont pas biaisés». Dans la mesure où  la Cpi «ne peut intervenir que si les autorités nationales compétentes n’ont pas la volonté ou les moyens de poursuivre elles-mêmes les coupables avec la sévérité requise», et que ce sont les chefs d’Etat africains qui l’utilisent pour immobiliser leurs opposants, ces étudiants pensent qu’à force «d’instrumentaliser la Cpi, elle s’est africanisée».
Pour ces étudiants, les récentes sorties de certains pays africains sont motivées par des intérêts personnels de leurs chefs d’Etat. Ces réactions ont certainement poussé la Cpi à orienter ses enquêtes vers d’autres pays comme le Pakistan, la Grande Bretagne etc…, d’après les explications des étudiants.
Mais à la question de savoir si les Chambres africaines extraordinaires (Cae) peuvent être une alternative à la Cpi, les étudiants semblent être divisés. Si d’aucuns pensent qu’elles peuvent remplacer la Cpi, d’autres s’interrogent sur la faisabilité. Partant du principe qu’il faut, à chaque fois, une intervention financée par l’Onu pour le maintien de la paix sur le continent, ces étudiants sont persuadés que l’Afrique n’est pas en mesure de se payer une justice. Et que la meilleure solution se trouve dans l’accompagnement de la Cpi pour une justice plus équitable.
Depuis juillet 2002, la Cpi qui compte 123 membres, n’a rendu que deux verdicts, alors que 21 personnes ont été ou sont poursuivies. Toutes ces  affaires émanent de l’Afrique. Ils sont 9 pays à être concernés. Il s’agit de la République démocratique du Congo avec 6 affaires, la Répu­bli­que centrafricaine avec 2, l’Ou­­ganda, le Soudan avec 5, le Kenya 3, la Libye dont les pour­suites contre Kadhafi ont été annulées après son décès. Et plus récemment, la crise post-élec­torale ivoirienne avec 3 affaires.
mgaye@lequotidien.sn