Des révoltes de jeunes dans les quartiers, des lieux de commerce brûlés et saccagés, plusieurs banques vandalisées, beaucoup d’infrastructures publiques détruites, des Forces de défense menacées, certaines maisons d’autorités publiques brûlées en plus de morts d’hommes dans les banlieues. Une colère qui s’intensifie, des entreprises qui ferment, des arrêts de travail constatés et une haine croissante et multiforme envers les institutions de la République et les guides religieux, près de douze milliards perdus en deux jours par le Trésor public.

Pour bien comprendre ces diverses manifestations accidentelles et spontanées, il faut utiliser le principe du déterminisme pour appréhender la relation causale des phénomènes afin d’avoir une explication scientifique des origines du mal et de son évolution rapide. Le problème n’est ni politique ni juridique ; il est social. Le produit constaté est le résultat d’un cumul d’échecs de la politique sociale mondiale sur plus de vingt années. La seule loi objective qui a produit ces phénomènes est l’échec de la politique sociale mondiale. La politique sociale n’est pas seulement la construction d’infrastructures sanitaires ou scolaires, c’est placer l’humain au centre de tous ses droits vitaux en mettant un dispositif juste et équitable et les conditions permettant à chaque citoyen d’avoir ce qu’il mérite. Le monde a privilégié le capital financier et relégué en dernière position la dimension humaine dans les schémas de développement. A côté du cadre macroéconomique, il faut un cadre macro social avec des agrégats sociaux qui correspondent à nos réalités. J’ai rappelé à plusieurs occasions qu’il est urgent de repenser la politique sociale et de l’adapter en fonction des besoins vitaux. Nourriture, Travail, Santé et Sécurité sont les besoins fondamentaux des populations.

Le problème n’est pas politique et on est loin d’une situation révolutionnaire. Lénine disait «que la révolution est impossible sans une crise nationale», c’est-à-dire trouble au sommet et la base. Au Sénégal, nous constatons des révoltes dispersées dans les quartiers, incohérentes dans la démarche, sans aucune conscience de masse avec des acteurs qui ne portent pas en même temps un projet de société créateur d’un nouvel ordre social et économique.

Il faut garder le cap et préserver les acquis démocratiques et économiques avec une conscience citoyenne. Les Sénégalais doivent consacrer toutes leurs forces et capacités à la protection de la Patrie. La politique n’est pas seulement la conquête du pouvoir, elle est cette participation active à la construction nationale par le savoir et la sagesse. Repenser nos politiques, c’est-à-dire avoir une autre vision de la protection sociale adossée sur les principes fondamentaux des droits humains.

Cette crise de conscience a provoqué un climat de haine et de vengeance qui a fini de polluer les relations humaines. Des soulèvements de jeunes notés partout dans le monde sont le résultat de mauvaises options et d’arbitrage sur les orientations économiques. Nous avons un pays impacté et dépendant de l’extérieur, surtout du côté de la civilisation universelle. La voie de la liberté est la sagesse et le savoir. Ce sont que ces deux facteurs qui libèrent l’homme, la violence et les contre-vérités ne libèrent pas ; ils vous enfoncent dans l’ignorance et la misère. La démocratie est positive d’une part, mais elle peut vous divertir à tout moment à cause de ses larges libertés. Il faut impérativement s’entendre pour solutionner les crises. Redéfinir les conditions sociales dans toutes les catégories pour un monde humaniste. Pour cela, il faut une analyse objective de la réalité pour concevoir une nouvelle philosophie des masses fondée sur la justice sociale, le savoir et la paix.
Alpha YOUM
Président de l’Association pour la Paix et la Citoyenneté
APC/Sénégal