Par Babacar Guèye DIOP

– Le 7 mars est la date de commémoration du sacrifice des femmes de Nder. Certaines organisations féministes en ont profité pour réclamer que le Sénégal célèbre ses femmes le 7 mars. Dans un communiqué, les femmes de Yoonu askan wi/Mouvement pour l’autonomie populaire ne semblent pas d’accord. Les camarades de Madièye Mbodj ont convoqué l’histoire pour justifier la date du 8 mars. Elles ont rappelé la manifestation originelle des ouvrières américaines le 8 mars 1857 ou les rassemblements du 8 mars contre la guerre durant la première guerre mondiale et des femmes russes le 8 mars 1917 à la veille de la révolution d’octobre sans oublier le Protocole de Maputo initié les 8 et 9 mars dans le cadre de la préparation au niveau africain de la Conférence de Beijing.
Dans ce panorama chronologique, l’évènement qui a le plus marqué les esprits est, d’après ces femmes, le drame qui a frappé le mouvement ouvrier le 25 mars 1911 avec la mort dans l’incendie d’un atelier textile à New York, de «140 ouvrières dont une majorité d’immigrantes enfermées à l’intérieur d’une usine». Elles ajoutent : «Evènement qui rattache de ce fait, la question féminine à la situation générale des travailleuses et celle des ouvrières plus spécifiquement. Evène­ment devenu mondial et auquel se rattache en plus, en raison de la tonalité dramatique qu’ils partagent tous deux, l’épopée des femmes de Nder qui, plusieurs décennies auparavant, ont fait preuve d’un courage, d’une vision et de valeurs incommensurables, par l’acte de don de soi légué à la postérité, via l’immolation qu’elles se sont elles-mêmes infligée volontairement.»
Pour Yoonu askan wi, suggérer que le 8 mars soit remplacé par le 7 mars ne tient pas suffisamment compte du fait que «les femmes déjà soumises en général à diverses formes d’asservissement domestique, subissent en plus comme travailleuses, à l’instar de toutes les autres composantes des masses laborieuses, le diktat d’un système global régi par le déploiement du capital». Cet état de fait, selon ces femmes de Gauche, donne «la mesure de l’erreur de taille que constituerait l’affaiblissement de l’impact d’un 8 mars renouant avec sa véritable signification dans notre agenda». Pour elles, le 8 mars et le 7 mars de Talaatay Nder «expriment la même nécessité d’incorporer pleinement dans la lutte contre l’esclavagisme mercantiliste, l’exploitation impérialiste et l’oppression néocoloniale, le rejet des antivaleurs patriarcales qui, depuis des temps immémoriaux, façonnent des pratiques et des mentalités d’aliénation et de dépossession des femmes de leurs droits et devoirs fondamentaux».
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