Des «gros bras» ont assisté la police dans le maintien de l’ordre après l’arrestation de Ousmane Sonko. Ces hommes, armés de gourdins, de chaînes en fer et même parfois de gaz lacrymogènes, ont déclaré avoir reçu la même formation que les policiers. Une situation qui ne semble pas plaire à certains policiers trouvés sur le terrain.

C’est un fait inédit ! La police s’est hier évertuée à maintenir l’ordre aux côtés de «gros bras» après l’arrestation du député Ousmane Sonko. Armés de gourdins, de chaînes en fer et même parfois de gaz lacrymogènes, des hommes au gabarit impressionnant, ont même procédé à des arrestations. Ainsi, deux jeunes hommes d’une vingtaine d’années ont été interpellés devant la Place Mansour Mbaye. Ils seront de force emmenés vers la fourgonnette de la police stationnée sur les allées du Centenaire en allant vers la Place de la Nation. «Je ne sais pas ce qui se passe. Pourquoi m’arrêtez-vous ?», demandait le premier, alors que le second s’attelait à expliquer qu’il venait de rentrer de l’école et qu’il n’était pas mêlé à la manifestation. Mais c’est avec des insultes et des menaces que les «gros bras» leur ont répondu.
Devant la voiture, un échange s’engage. Les deux individus arrêtés tentaient tant bien que mal de convaincre de leur innocence mais se sont heurtées à des insultes et menaces. Finalement, ils seront mis dans la fourgonnette de la police et emmenés. Interpellé sur leur mission, un des «gros bras» répondra: «Nous ne sommes pas un corps d’élite de la police. Mais nous avons reçu la même formation. Nous avons été formés à l’Ecole de police. Cela fait un mois qu’on prépare cette manifestation.»  Sur leur appellation, l’homme lâche «Fox» et se précipite dans un Pick-up qui suit le convoi qui avance sur une dizaine de mètres avant de s’arrêter. «Il faut retourner changer le pneu de la voiture de derrière. Si on le laisse ici le véhicule sera brûlé. La voiture ne nous appartient pas, on nous l’a prêtée», criait un homme habillé comme un bodybuilder à la plage, exhibant fièrement ses muscles.
La présence de ces «gros bras» sur ce théâtre d’opérations ne semblait pourtant pas du goût de certains policiers. «Vu qu’ils sont là, ils n’ont qu’à faire notre boulot», a dit un policier calmement assis dans sa voiture en train siroter un sachet d’eau alors que des tirs de gaz lacrymogènes devenaient de plus en plus assourdissants.  L’homme ne prête pas attention à ses collègues qui passent. Il répond calmement aux journalistes, se permettant même de prédire «la fin de ce régime». Pour lui, «si la police voulait vraiment arrêter les manifestations, elle s’y prendrait de manière différente. Nous ne faisons que lancer des gaz lacrymogènes et avancer pour ensuite battre en retraite. Ce sont des enfantillages».