La suspension de la Guinée par l’Union africaine a été annoncée par l’instance régionale hier. La veille, la Cedeao, qui avait pris la même décision, a dépêché ce vendredi une délégation à Conakry pour discuter avec les putschistes, à leur tête le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, sur le sort du Président Alpha Condé qui se porte «bien».Par Mamadou SAKINE – 

Le Président Alpha Condé «va bien». L’information émane du président de la Commission de la Cedeao. Rfi qui a donné la nouvelle, ce vendredi, apprend que les ministres dépêchés par l’organisation ouest-africaine ont pu voir le Président renversé. «Avec le colonel Mamady Doumbouya, nous avons eu des échanges très positifs. Nous avons eu également la possibilité de rencontrer l’ancien Président, le Président Alpha Condé, donc nous avons également échangé avec lui. Nous allons rendre compte aux chefs d’Etat des résultats de nos échanges», a déclaré sur Rfi le président de la Commission de la Cedeao, Jean-Claude Kassi Brou.
Dans la journée d’hier, l‘Union africaine a suspendu la Guinée de toutes ses «activités» après le coup d’Etat orchestré dimanche 5 septembre 2021 par le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya. Une sanction survenue au moment où une délégation de la Cedeao est dépêchée ce vendredi à Conakry, après le sommet extraordinaire et virtuel de ladite organisation ce mercredi. Cette mission est composée des ministres des Affaires étrangères du Ghana, du Burkina Faso, du Togo, du Nigeria et du président de la Commission de la Cedeao, Jean-Claude Kassi Brou. L’objectif principal, d’après un membre de la délégation, rapporte Rfi, c’était de pouvoir voir le Président déchu Alpha Condé, de s’assurer qu’il va bien et de le faire quitter Conakry au plus vite, «dans les jours qui viennent». Selon cette source, ce n’est pas un pays d’Afrique de l’Ouest qui serait envisagé s’il quittait le territoire, mais ce ne serait pas non plus hors du continent.
Dès dimanche, la Cedeao avait déjà condamné la prise de pouvoir par les militaires et l’arrestation du Président Alpha Condé. Réunis en sommet extraordinaire virtuel mercredi 8 septembre, les chefs d’Etat de la Cedeao ont «réaffirmé leur opposition sans réserve à tout changement politique par des moyens non constitutionnels», et «condamné avec la plus grande vigueur ce coup de force».
A l’ouverture du sommet virtuel au cours duquel la Cedeao a suspendu la Guinée, le Président du Ghana, président en exercice de la Cedeao, Nana Akufo-Addo, a dénoncé une «violation claire» de la charte de bonne gouvernance de l’institution et «un incident malheureux et regrettable». Mais pour l’heure, elle n’a pas décidé de l’option prise contre la junte au Mali après le coup d’Etat contre Ibrahim Boubacar Keïta, c’est-à-dire aucune décision allant dans le sens de sanctions économiques, comme l’arrêt des échanges commerciaux ou la fermeture des frontières n’est prise. Pas également de sanctions individuelles comme le gel des avoirs ou interdiction de voyager contre Mamady Doumbouya et ses hommes.
Le lundi 6 septembre, le chef des putschistes en Guinée a tenté de rassurer les partenaires et investisseurs étrangers en déclarant qu’ils tiendraient leurs engagements. Lors de leur rencontre avec les anciens ministres et présidents d’institution, les membres du Conseil national pour le rassemblement et le développement (Cnrd), par la voix de leur chef, ont assuré «les partenaires économiques et financiers de la poursuite normale des activités dans le pays».
Dans le même sillage, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya a laissé entendre qu’il «respectera toutes ses obligations» et a demandé aux compagnies minières de poursuivre leurs activités.
msakine@lequotidien.sn