Jardinier de son état, le prévenu Mamadou Faty va passer 6 mois en prison si le Tribunal suit le réquisitoire du procureur. Il est poursuivi pour les délits de détention illégale d’arme et de coups et blessures volontaires ayant entraîné une Incapacité temporaire de travail (Itt) de 30 jours. Hier, devant le juge des flagrants délits du Tribunal de grande instance de Dakar, le mis en cause a reconnu la première infraction tout en niant l’autre. En effet, la présence des chèvres de la victime, N. D, âgée de 15 ans, éleveur de profession, dans le jardin gardé par le prévenu serait à l’origine de la dispute. La main gauche bandée, l’adolescent, dans une voix peu audible, s’est expliqué sur l’affaire. Il a déclaré avoir été attaqué par son présumé bourreau qui était armé d’un coupe-coupe. Version rejetée par Mamadou Faty. Ce dernier accuse le gamin d’avoir volé son téléphone portable et son pantalon. Au sujet des blessures, il a avancé que c’est N. D qui s’est blessé lui-même en voulant arracher la machette de ses mains.
L’avocat de la partie civile a estimé que «le prévenu aurait pu être attrait devant la Chambre criminelle. Les faits sont très graves», dit-il. Et la robe noire de renchérir : «Il y a une vieille rivalité entre les deux. Il l’a abreuvé d’injures. Il a tenté de le séquestrer, mais le jeune a résisté. Il y a préméditation, il a tenté de le tuer». Selon toujours l’avocat du plaignant, les 4 doigts de son client sont presque enlevés. A son avis, dans ce dossier, «il y a eu une opposition entre un fort et un faible et le fort a voulu attenté à la vie du faible». Pour lui, le dossier médical est parlant. Et pour les dommages et intérêts, la partie civile a réclamé la somme de 5 millions de francs Cfa pour toutes causes et préjudices subis.
Le procureur qui a requis une peine de 6 mois de prison ferme à l’encontre du prévenu a laissé entendre que «la matérialité des faits ne fait l’objet d’aucun doute. La victime a eu une incapacité temporaire de travail de 30 jours». Quant à l’argument avancé par le sieur Faty selon lequel c’est la victime qui s’est agrippée lui-même à la manchette, il «ne saurait prospérer».
Pour la défense, «c’est la provocation du berger qui est à l’origine de ce problème. La partie civile ne s’est pas limitée à chasser ses chèvres dans les plantations, mais de dérober le portable du prévenu dans sa chambre», soutient-il. Et pour sa part, la détention d’arme par un jardinier peut se comprendre, car c’est un outil de travail. D’après toujours l’avocat de Mamadou Faty, son client est resté constant à toutes les étapes de la procédure. «Cette constance mérite d’être retenue par votre juridiction», dira la robe noire. Pour lui, le certificat médical révèle des «plaies palmaires (relatives à la pomme) ; donc on ne peut pas donner aux blessures ce semblant de gravité». La défense a fini par plaider une application extrêmement bienveillante de la loi pénale. L’affaire a été mise en délibéré à jeudi prochain.
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