La Coordination des associations de presse (Cap) condamne fermement le sabotage des Unes de plusieurs journaux et les attaques répétitives contre les journalistes et demande au procureur d’ouvrir une enquête pour identifier et punir les auteurs. La Cap a notamment informé de la saisine de Meta (Ex-Facebook) pour que tout compte qui partage ces Unes chahutées soit bloqué.Par Ousmane SOW –
Cinq quotidiens d’information sénégalais, Le Quotidien, EnQuête, L’Observateur, Le Soleil et Sud Quotidien, ont vu le contenu de leur première page détourné sur les réseaux sociaux par des individus et partagé à large échelle entre le 7 et le 27 juillet 2022. Suite à ces attaques répétitives de sabotage et les agressions contre les journalistes, la Coordination des associations de presse (Cap) s’est réunie hier à la Maison de la presse. La Cap condamne ces actes illicites qu’elle dénonce auprès du procureur pour qu’il ouvre une enquête afin d’identifier et de punir les auteurs. «La Cap va faire une dénonciation auprès du procureur de la République, mais également aussi nous allons saisir Facebook d’un courrier pour que tout compte qui partage ces Unes chahutées soit bloqué tout simplement, parce qu’ils sont en train de porter atteinte à l’image de marque d’une entreprise, de faire de la désinformation… Ce n’est pas normal car nous savons tous ce que représente la manchette d’un journal», a déclaré le président de l’Association des éditeurs et professionnels de presse en ligne (Appel), lors d’une conférence de presse. Selon Ibrahima Lissa Faye, si un citoyen n’est pas content d’un traitement d’un article dont il est acteur, il a la possibilité de saisir le journal, de faire un rectificatif, mais il ne peut pas s’adonner à des actes illicites. «Mais ils ne peuvent pas lyncher des journaux et les mettre en mal avec la population. Ce sont des choses que nous condamnons et nous ferons en sorte que cette plainte aboutisse. Et s’il est possible que la Cap soit partie civile ou même d’autres actions, on le fera. Mais ce qui est sûr et certain, on ne peut plus laisser des gens traîner les journalistes, des entreprises de presse dans la boue sans qu’on se lève», a-t-il soutenu, en assumant pleinement et entièrement sa position. Autre élément qu’il a dénoncé, c’est l’attaque contre des confrères à Guédiawaye. «Ce sont des choses que nous dénonçons. Et je pense que nous avions dépassé la …», a-t-il ajouté, en invitant les confrères et techniciens des médias à faire attention parce que, dit-il, en cette fin de campagne électorale et le scrutin qui aura lieu demain, les esprits vont s’échauffer et il peut y avoir des bagarres.
Une presse au service du citoyen sénégalais
Pour sa part, Mamadou Ibra Kane, président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps), précise que ces agressions discréditent la presse, le message que les journalistes veulent transmettre aux citoyens sénégalais. «Nous voulons rappeler que la presse n’est ni une presse du parti au pouvoir ni une presse de l’opposition. Nous sommes une presse au service du citoyen sénégalais», a-t-il déclaré. Avant d’annoncer que des mesures seront prises pour défendre la corporation. En 2021, il faut le rappeler, la presse a vécu une année sombre avec des attaques, des brutalités policières, des agressions contre des journalistes et techniciens des médias à foison. Un sit-in a été organisé à cet effet. La presse avait connu une accalmie. Mais avec la campagne électorale, ces attaques et agressions ont commencé malheureusement à renaître de leur cendre. Une situation que la coordination ne peut plus accepter et fera tout ce qui est nécessaire pour que ça ne se reproduise plus. «Il est vrai que parmi nous, il y a certains journalistes, organes de presse qui prennent des positions politiques. Mais pour autant, cela ne veut pas dire que les journalistes, les techniciens qui y travaillent sont inféodés à tel parti politique ou groupement politique», a expliqué Mamadou Ibra Kane. Selon le president du Cdeps, toutes les déviances, que ce soit de la part des partis politiques, du parti au pouvoir, d’autres forces sociales, «il faut que nécessairement, nous-mêmes, en tant que corporation, nous puissions nous défendre parce que si nous ne nous défendons pas, le discrédit apporté à la presse va être un discrédit de n’importe quelle parole publique», conseille le president du Cdeps, qui affirme que la presse est une institution fondamentale dans n’importe quel système démocratique. La preuve, dit-il, ici au Sénégal, «nous avons pu réaliser deux alternances politiques parce que nous avions une presse républicaine. Et le caractère républicain de cette presse, c’est ça qui nous permet d’assurer la stabilité politique et sociale du Sénégal», a-t-il fait savoir. Pour rappel, la Coordination des associations presse (Cap) s’est réunie le mardi dernier et avait décidé de prendre le problème à bras le corps. Un pôle d’avocats a été saisi et une plainte contre X déposée. Il y a eu des actions. Des personnes ont été interpellées dans le cadre de cette procédure et l’enquête suit son cours.