Le patronat du secteur du Bâtiment et travaux publics (Btp) a profité de l’inauguration du nouveau siège du Syndicat professionnel des entrepreneurs du Btp du Sénégal (Spebtps), baptisé feu Aliou Ardo Sow, pour inviter l’Etat à solder la dette due aux entreprises.Par Dialigué FAYE – 

«Notre secteur fait face à des défis majeurs qui menacent sa pérennité et sa capacité à jouer pleinement son rôle dans l’émergence du Sénégal», a déclaré hier le président du Syndicat professionnel des entrepreneurs du Btp du Sénégal (Spebtps). Et comme premier défi, Oumar Ndir a souligné «la dette colossale due aux entreprises». «De nombreuses entreprises du Btp souffrent des retards de paiement qui s’accumulent. Ces dettes mettent en péril la trésorerie des entreprises, compromettent leur capacité à investir et à embaucher, et fragilisent l’écosystème économique qui en dépend», explique Oumar Ndir au ministre des Infrastructures, des transports terrestres et aériens venu présider l’inauguration du nouveau siège du Spebtps sis à Keur Gorgui. Avant de lui demander d’être leur «interprète auprès des plus hautes autorités afin que cette dette soit rapidement soldée».

Aussi, relève le patron du Spebtps, «l’accès aux marchés publics reste un parcours du combattant pour de nombreuses entreprises locales». Face à cette situation, il appelle à «simplifier les procédures, rendre les appels d’offres plus transparents et plus accessibles, et surtout, «appliquer strictement les clauses de préférence» permettant d’attribuer la commande publique au secteur privé national». En effet, défend-il, «nos entreprises ont les compétences, l’expertise et la volonté de contribuer au développement du pays. Donnons-leur les moyens de le faire».

L’accompagnement des entreprises et le transfert de technologies restent, par ailleurs, un besoin. «Nos entreprises sont créatrices d’emplois et des actrices-clés de l’innovation. Pour qu’elles puissent continuer à jouer ce rôle, elles ont besoin d’un accompagnement fort de l’Etat et de ses partenaires. Cela passe par des politiques publiques adaptées, des formations de qualité, et surtout, par un «transfert de technologies» qui nous permettra de monter en compétence et de nous positionner sur des projets de plus en plus complexes et ambitieux», plaide l’entrepreneur.

D’autres sujets tels que l’allotissement des marchés, la cotraitance entre entreprises nationales et entreprises étrangères, l’accès prioritaire aux offres spontanées, avec garantie de l’Etat si nécessaire, ont été évoqués par les entrepreneurs du Btp. Qui se disent convaincus de «la capacité du Sénégal à se hisser au rang des nations émergentes». «Mais pour y parvenir, nous devons travailler main dans la main, dans un esprit de collaboration et de confiance mutuelle. Le secteur du Btp est prêt à jouer sa partition, mais nous avons besoin d’un environnement favorable, d’un dialogue constructif et d’actions concrètes pour surmonter les obstacles qui entravent notre croissance», assure M. Ndir. Corroborant ce dernier, Baïdy Agne, président du Conseil national du patronat (Cnp), précise que la dette intérieure s’est amplifiée depuis 2023. Ainsi, les dettes contractées par les entreprises auprès du secteur bancaire et des fournisseurs, ainsi que les obligations fiscales et sociales, sont devenues de plus en plus difficiles à honorer, faute de trésorerie.

Et ces doléances ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd. «J’ai noté des mots forts : paiement de dette intérieure, préférence nationale, contenu local, offre spontanée… Je peux dire, sans prétendre y donner tout de suite une réponse, que j’en accuse réception et j’estime que c’est dans un esprit de partenariat solide et équilibré que ces défis seront relevés», a dit Yankhoba Diémé. Le ministre des Infrastructures, des transports terrestres et aériens ajoute que «l’Etat du Sénégal accorde une place centrale aux infrastructures dans sa stratégie de développement économique et social. Et cela apparaît clairement dans l’agenda national de transformation Sénégal vision 2050, qu’il s’agisse de routes, d’autoroutes, de ponts, de ports secs ou humides, d’aéroports, d’infrastructures ferroviaires ou simplement d’édifices publics. La volonté d’y aller avec le secteur privé sénégalais est sans équivoque».
dialigue@lequotidien.sn